Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Erin O’Toole n’a que lui-même à blâmer

Photo Agence QMI, Mario Beauregard
Partager
Photo portrait de Emmanuelle Latraverse

Emmanuelle Latraverse

2022-02-02T10:00:00Z
Partager

Peu importe le sort que lui réserveront ses députés mercredi matin, le chef du Parti conservateur pourra toujours se vanter d’avoir accompli un rare fait d’armes en politique. Il a réussi à s’aliéner les deux franges les plus diamétralement opposées de son caucus.

Car il serait faux de mettre le putsch sur les épaules de ceux qu’on appelle erronément les « radicaux » conservateurs. La fronde vient des deux côtés.

Erin O’Toole n’a que lui-même à blâmer. Il a enfreint les deux règles d’or de la politique : demeurer fidèle à ceux qui l’ont porté au pouvoir et gérer adéquatement son caucus.

Le vrai bleu

Imaginez-vous vous faire courtiser, pour enfin être séduit par un ensemble de valeurs et la promesse d’une famille nombreuse. Imaginez ensuite que, le soir même des noces, l’être aimé vous annonce détester les enfants et préférer un mariage ouvert.

C’est essentiellement ce qu’a fait Erin O’Toole.

Après s’être présenté comme le « vrai conservateur », après avoir attaqué le progressisme mielleux de son adversaire Peter Mackay, le soir de sa victoire, il a proclamé que le PCC devait se recentrer.

Ensuite, plutôt que de respecter la droite sociale qui l’avait porté au pouvoir, il l’a traitée comme une clique de parias.

Publicité

Peut-on reprocher à ces députés, à ces militants, de ne l’avoir toujours pas digéré ? Surtout au terme d’une élection où le PCC a perdu d’importants appuis dans les sacro-saintes banlieues de Vancouver et Toronto, celles-là mêmes qui avaient servi de prétexte au recentrage ?

L’équipe

Erin O’Toole n’est pas le premier chef à tenter de faire avaler des couleuvres à ses troupes. Le problème c’est qu’il a systématiquement omis de préparer le terrain.

C’est en entendant son discours lors du congrès que ses élus ont appris que leur parti abandonnait son plus grand cheval de bataille contre les libéraux et adoptait une taxe carbone !

Il y avait une foule d’arguments en faveur d’un tel revirement, mais Erin O’Toole ne s’est même pas donné la peine d’en discuter avec ses plus précieux ambassadeurs, ses députés.

Même scénario pour le patinage surréel de la campagne électorale, alors qu’il a largué du jour au lendemain une promesse formelle sur les armes de style d’assaut. Idem aussi pour la liberté de conscience des médecins dans le dossier de l’aide médicale à mourir.

De dire que le mélodrame entourant le convoi des camionneurs est la goutte qui a fait déborder le vase est un euphémisme.

Finalement, si le chef conservateur se fait montrer la porte ce matin, ce ne sera pas à cause de « l’aile radicale du parti ».

Ce sera parce qu’à force d’essayer de plaire à tout le monde, il a fini par ne plaire à personne.

Ce sera parce qu’il aura été systématiquement incapable de défendre ses propres positions.

Ce sera aussi, beaucoup, parce qu’il se sera laissé systématiquement intimider par ses adversaires politiques.

Publicité
Publicité