Éric Robidoux heureux de changer de registre
On pourra le voir dans «Gâtées pourries», disponible sur Crave à compter du 5 mars.

Patrick Delisle-Crevier
À la télé, on peut le voir dans Cerebrum et dans la nouvelle comédie Double jeu, dans laquelle il incarne un prêteur sur gages. Entrevue avec Éric Robidoux, qui célèbre 20 ans de carrière et qui nous parle de son métier, de ses ambitions et de sa déception de se voir trop souvent offrir des rôles de beau gars de service. Au point de refuser les rôles de gars à la belle gueule.
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Éric, que peux-tu nous dire à propos de ton personnage dans la comédie Double jeu?
J’ai essayé d’aller dans quelque chose de différent, car les personnages de Mehdi Bousaidan et Rachid Badouri sont plutôt rocambolesques. J’ai donc tenté de trouver le bon rythme entre l’humour et le réel avec ce rôle. On ne m’a pas vu jouer beaucoup de comédie, et je suis content de faire ça. J’ai aussi tourné dans la nouvelle série Gâtées pourries et j’ai adoré faire de l’humour. Ça fait du bien, un peu de légèreté, après avoir joué dans plusieurs séries lourdes dont Mégantic et Désobéir: Le choix de Chantale Daigle. Ça fait du bien de changer de registre.
Tu fais ce métier depuis 20 ans. As-tu la carrière que tu souhaitais?
Ça ne se passe pas comme je le pensais, non. Je pourrais en prendre plus et j’aimerais travailler plus. J’aime être sur un plateau et j’ai encore plus d’énergie que ça à donner; je ne suis pas rassasié. J’arrive à gagner ma vie avec le métier, mais des fois je trouve que j’ai été souvent choisi pour des rôles de beau gars. C’est correct, mais je suis tout autre chose aussi, et j’aimerais jouer des rôles différents. J’ai besoin d’espace, j’ai besoin d’être nourri autrement qu’en jouant des gars à la belle gueule. On m’a beaucoup offert ce type de rôle à mes débuts et c’est revenu de façon plus courante récemment.
Est-ce que tu refuses désormais ce type de rôles?
Oui, de plus en plus, tout simplement parce que je n’ai pas envie d’entretenir ça et de jouer constamment ça. J’ai envie de jouer l’humanité, la vérité et des choses plus complexes qui se déroulent sur plusieurs saisons. J’ai la chance de le faire dans différentes séries, dont Cerebrum et Alertes, et j’ai pris goût aux rôles avec plus de mordant. Heureusement, j’ai senti dernièrement un passage aux rôles de pères, et ça me fait plaisir. Souvent, ces rôles de beaux gars sont épisodiques, et je pense avoir passé cette étape-là en termes d’expérience. Je pense que je suis désormais un acteur pas mal mûr pour jouer beaucoup de choses, qu’elles soient drôles ou tragiques, et j’aspire à ça.
Tu es un gars assez discret. Serais-tu prêt à négocier avec la grande popularité si elle se pointait?
Oui, je n’ai aucun problème avec ça. Mais je ne suis pas celui qui passe par les réseaux sociaux. Je ne suis d’ailleurs sur aucune de ces plateformes, et je me demande si je ne devrais pas faire un effort et être plus présent. Est-ce que c’est mon rôle, en tant qu’acteur, de passer par ces outils de promotion là? Je me pose la question et je réfléchis là-dessus. Je ne suis pas habitué à cette technologie. Je vais peut-être m’ouvrir un compte Instagram. Il faut croire que ça fait partie du métier, maintenant.
Où est née cette envie de faire le métier?
C’est parti de très loin. J’ai toujours été le petit tannant en classe et celui qui avait le mot de plus et qui aimait faire rire. J’ai fait beaucoup d’improvisation et j’ai rapidement eu le goût de jouer. J’ai eu envie de faire un métier dans lequel je serais libre, dans lequel j’allais aussi être mon propre patron et dans lequel je pourrais choisir mes projets.
Quel serait ton souhait sur le plan professionnel?
J’aimerais vraiment faire plus de cinéma. J’aimerais aussi faire plus de télévision dans des projets qui ont plus de profondeur, qui reviennent sur du long terme et qui sont là pour marquer l’imaginaire. J’embarquerais volontiers dans une quotidienne si on me disait que mon personnage est là pour un bon bout. Je n’ai plus envie de faire des rôles épisodiques. J’en ai fait beaucoup durant des années et j’adorais ça parce que ça m’amenait à jouer des choses différentes. Mais là, j’ai envie de jouer des personnages qui vont s’étirer dans le temps.
As-tu déjà songé à faire carrière aux États-Unis ou en France?
Je n’ai jamais tâté le pouls en France, mais ça m’intéresserait. J’aime bien le mode de production américain, qui permet de tourner de la matière, et je trouve ça cool. Mais je n’ai pas suffisamment travaillé en anglais et je pense avoir un accent. Du moins, c’est ce que ma mère me dit!
À quoi ressemble ta vie loin des plateaux de tournage?
Je peux être assez solitaire dans ma vie personnelle. Je suis quelqu’un qui lit beaucoup et j’écris beaucoup aussi. J’aime faire des choses concrètes, comme toucher le bois et construire des choses. Je suis assez actif. J’aime la chasse et la pêche, et je passe beaucoup de temps avec ma famille et mes amis. Les derniers mois ont été plus difficiles et j’ai eu à faire autre chose que mon métier pour gagner ma vie. J’ai fait quelques jobines de menuiserie et de construction.
Est-ce difficile pour toi de faire ça?
Non, j’aime ça et ça me ramène aux vraies affaires. Mais c’est certain que pour l’acteur que je suis, il faut que je me parle quand le téléphone ne sonne pas. En même temps, je pense que c’est correct de rentrer dans le doute, l’attente et le désir. Je ne suis jamais dans l’amertume face à mon métier. J’ai appris à évacuer ça rapidement à mes débuts, et je tente aussi de ne pas tomber dans la mélancolie ou la nostalgie. Mais c’est difficile d’être un acteur quand tu ne travailles pas autant que tu l’aimerais. Dans ce temps-là, j’écris et je tente d’élargir mon spectre en tant qu’artisan.
Quels sont tes projets?
On peut me voir dans le film Vil & Misérable et, prochainement, dans un autre film, je jouerai un violeur et un amuseur d’enfants. Au début, j’ai eu peur, car je ne savais pas si j’allais être capable d’aller là et de jouer ça, mais ç’a été toute une expérience. J’ai quelques projets qui s’en viennent dans les prochains mois, et je passe plusieurs auditions. Je me croise les doigts.