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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Éric Duhaime invité du balado de Jordan Peterson: quatre choses à savoir sur cet intellectuel controversé

Capture d'écran Wikipedia - Gage Skidmore
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Julien Corona

2022-09-04T20:52:11Z
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Jordan Peterson est (très) populaire. Son balado, le Jordan B. Peterson Podcast, est dans le top 100 d'Apple Podcasts. Il est l'une des figures de la nouvelle droite anglo-saxonne. Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), étant en entrevue ce dimanche 4 septembre avec ce dernier, voici quatre choses à savoir sur Jordan Peterson.

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Catalogué comme un réactionnaire par les uns, vu comme un maître à penser de nouvelle droite par les autres, Jordan Peterson est un personnage à fort impact, auteur de best-sellers mondiaux comme 12 Rules for Life: An Antidote to Chaos. S'insérant maintenant dans la vie politique québécoise et la campagne en cours en invitant Éric Duhaime, chef du PCQ, à son balado, nous pouvons donc nous demander qui est ce penseur.

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Nous allons tenter de répondre à cette question en quatre points.

Un professeur ciblé et qui cible les wokes

Il justifie les inégalités entre hommes et femmes au nom de lois naturelles comme celle de l'évolution. Il soutient que vouloir supprimer certaines discriminations peut relever d'un autoritarisme dangereux – car ces dernières seraient inhérentes au fonctionnement naturel de la société – et que prétendre vouloir les éradiquer serait dangereux.

Il s'oppose à loi C-16 du gouvernement canadien sur l'identité de genre, disant qu'il refuse d'y obéir dans une vidéo YouTube. Cette loi permet à chacun d'être désigné par le prénom de son choix (il, lui, elle, etc.).

Néanmoins, ce dernier n'hésite pas à contre-attaquer contre les affirmations de ses adversaires comme dans un lettre de démission virale de l'Université de Toronto, à cause de, selon ses dires, sa «wokéïsation» extrême qui mettrait en danger les libertés dont celle d'expression.

Un intellectuel accusé de «transphobie»

Dernièrement, Jordan Peterson a été accusé de transphobie à la suite d'une guerre de mots concernant Elliot Page, connu précédemment sous le nom d'Ellen Page, avant son coming out trans et non binaire en 2020. Ses propos ont conduit à son bannissement de Twitter en juillet 2022.

Capture d'écran Twitter
Capture d'écran Twitter

Dans un tweet datant du 22 juin, M. Peterson a accusé le médecin ayant permis à M. Page de réaliser sa transition d'être un criminel. Il a aussi lié, dans ce tweet, la fierté (pride) à un péché.

À la suite d'un avertissement de Twitter lui demandant de retirer ce tweet – en accord avec sa politique contre les propos haineux –, M. Peterson a refusé de le retirer et il a été banni du réseau social le 1er juillet, après quoi il s'est exprimé sur le sujet dans une vidéo devenue virale.

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Ses propos, pour de nombreux activistes et membres du milieu communautaire, faisaient écho aux différentes et anciennes accusations de transphobie émaillant la carrière de l'académicien.

Dans l'épisode #1769 du balado de Joe Rogan, The Joe Rogan Experience, Jordan Peterson estime, par exemple, qu'être trans est comparable aux abus d'un rituel satanique et à une maladie.

Un penseur aimé par les masculinistes

En raison de ce genre de propos faisant partie de sa guerre, selon ses dires, contre «l'agenda transgenre», Jordan Peterson est devenu la figure favorite des masculinistes (incels, en anglais).

Ce rôle de modèle pour ces derniers s'est construit grâce à son livre 12 Rules for Life, qui cherche à proposer à des hommes en recherche d'un guide de vie un ensemble de règles simples. On retrouve «Se tenir droit» (règle n° 1), «Ranger sa maison avant de critiquer le monde» (n° 6), «Ne pas mentir» (n° 8) ou encore «Prendre ses responsabilités pour devenir un homme».

Capture d'écran Wallmart
Capture d'écran Wallmart

Comme le rappelle le magazine français Usbek et Rica, Peterson explique qu'en essayant de se pacifier par des discours sur la bienveillance, l’idéologie progressiste et le politiquement correct – c'est-à-dire des discours féminisant l'homme, selon lui –, on devient «de plus en plus intéressé par une idéologie fasciste». Pour Peterson, il faut donc remettre les femmes à leur place naturelle, biologique, sinon nous finirons dans le chaos. 

L'affiliation au masculinisme le poursuit encore plus, à la lumière d'une entrevue entre Olivia Wilde, actrice et réalisatrice, et Maggie Gyllenhaal, actrice, à propos du prochain film de la première, Don't Worry Darling. Dans Interview Magazine, Olivia Wilde explique que le personnage principal du film, joué par Chris Pine, est inspiré par cet «homme fou, pseudo-intellectuel de la communauté incel» («insane man, pseudo-intellectual of the incel community», en anglais dans le texte), Jordan Peterson. 

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Peterson réagit, dans le National Post, en écrivant qu'il espère que Chris Pine rendra au moins justice à la «splendeur vestimentaire de ma garde-robe», alors qu'il le cloue au pilori dans ce «morceau de propagande woke hollywoodienne».

Un universitaire canadien polémique quand vient le temps de parler de politique québécoise et de langue française

Ces derniers mois, en plus d'accueillir Éric Duhaime à son balado, Jordan Peterson n'a pas été étranger à la politique québécoise.

Dans un tweet qui date du 7 janvier 2022, Peterson a traité le ministre de la Santé du Québec et candidat à sa réélection dans la circonscription de La Prairie de «rat d'égout» («scum rat»).

Ce tweet a été fait en réponse à la conférence de presse de la Santé publique où fut évoquée la possibilité de rendre obligatoire la troisième dose de vaccin contre la COVID-19 dans le cadre du passeport vaccinal.

Dans un épisode de l'émission de Steven Crowder, commentateur considéré comme situé à l'extrême droite du spectre de la politique américaine, Jordan Peterson a pu aussi avoir de bons mots pour le Québec et la langue française. 

Lors de cette entrevue, M. Peterson, tout d'abord, a expliqué que parler français était impardonnable de nos jours. Il ajouta ensuite, concernant le sujet de la langue, que le Québec se devait de rejoindre «le monde moderne», appelant ainsi implicitement à abandonner le français et à adopter l'anglais.

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