Entrevues pour la sortie du film «Amour Apocalypse»: une comédie romantique bien de son temps avec Patrick Hivon et Piper Perabo

Isabelle Hontebeyrie
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs en mai dernier au Festival de Cannes, Amour Apocalypse d’Anne Émond est sans conteste un film qui fait du bien. Patrick Hivon, Piper Perabo et la cinéaste nous parlent du long métrage qui vient d’être choisi pour être présenté en clôture du Festival du film de Toronto!
Il ne faut pas s’y tromper, «c’est une comédie romantique», a dit Piper Perabo de sa voix ensoleillée et avec un grand sourire. Car, dans cet Amour Apocalypse, elle incarne Tina, employée du centre d’appels d’une compagnie qui fabrique des lampes thérapeutiques. Adam, joué par Patrick Hivon, entre en contact avec elle, pensant qu’elle agit à titre de soutien psychologique. Le quiproquo de départ – Adam est dépressif – va déboucher sur une histoire d’amour sur fond de catastrophes climatiques et de personnages décalés, Gilles Renaud jouant le père d’Adam, tandis qu’Élizabeth Mageren se transforme en Romy, son employée passive-agressive.

Patrick Hivon s’est «retrouvé dans Adam», un homme atteint d’une écoanxiété paralysante, propriétaire d’un chenil, un solitaire dont la mère est morte lorsqu’il était tout petit et qui a une relation pour le moins conflictuelle avec son père. L’acteur a d’ailleurs retrouvé celui qui avait déjà incarné son père dans Les mauvaises herbes. «Il faut choisir où on regarde, souligne-t-il avec sagesse. Si on est trop dans un conte de fées, il faut regarder la réalité. Et si on regarde trop la vie d’une mauvaise façon, il faut plus regarder les fleurs. On va tous mourir. Ce qui est important, c’est la manière dont on occupe notre temps.» Élargissant le propos, l’acteur cite ensuite Louis Godbout, qui lui avait dit que «cette vie-là n’est pas faite pour ceux qui ont soif de justice, mais ceux qui ont soif de beauté».
Beauté et lumière
La beauté, c’est Piper Perabo – découverte par Anne Émond dans Le prestige de Christopher Nolan – qui l’amène. Lumineuse, l’actrice était en Corée du Sud en plein tournage de série d’actions lorsqu’elle a pris connaissance du scénario de Amour Apocalypse. Elle a sauté dans le projet à pieds joints alors qu’elle pensait prendre des vacances, elle qui avait travaillé avec une autre réalisatrice québécoise en 2001... dans le Rebelles de Léa Pool.

«Elles ont toutes les deux des visions très claires du film qu’elles veulent faire. Leurs équipes les épaulent, souligne-t-elle. Souvent, aux États-Unis, les décisions des femmes cinéastes sont remises en question par leurs équipes, et ce n’est pas du tout ce que je constate au Québec. Je ne vois personne demander à Anne Émond si elle est certaine que c’est ce qu’elle veut faire pour une scène. Elle est la boss, et c’était la même chose avec Léa. Leurs équipes sont là pour collaborer à leur vision et cela rend le processus extrêmement simple puisqu’il n’y a qu’un seul capitaine», note-t-elle.
En voyant Amour Apocalypse, on fait forcément le parallèle avec Jeune Juliette, sorti en 2019, une histoire partiellement autobiographique sur le passage à l’âge adulte. «Jeune Juliette est comique, un peu absurde, beaucoup plus drôle que mes autres films et je me sens bien là-dedans. Je me sens bien dans des films plus colorés, plus ensoleillés.»

«L’écoanxiété, les changements climatiques, la dépression, etc., il y a vraiment des sujets anticapitalistes et des messages clairs. Ce n’est pas du tout un documentaire engagé et politique», souligne la cinéaste.
«Le monde dans lequel on vit est super inquiétant. Il y a quelques jours, on avait du mal à respirer (en raison de la pollution des feux de forêt), c’était inquiétant. Malgré tout ça, je me suis donné à moi-même le défi de faire un film lumineux, drôle et décalé parce que j’aime la vie et j’aime les humains.»
Amour Apocalypse ensoleillera les écrans noirs de la province dès le 8 août.