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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

«Je suis fasciné par le magma humain», confie l'acteur français Daniel Auteuil, qui réalise le film «Le fil»

Daniel Auteuil dans «Le fil» qu’il a aussi réalisé et coproduit.
Daniel Auteuil dans «Le fil» qu’il a aussi réalisé et coproduit. PHOTO FOURNIE PAR TVA FILMS
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Isabelle Hontebeyrie

2025-04-13T15:15:00Z
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L’acteur français iconique revêt une fois de plus la robe d’un avocat. Et pour Le fil, un suspense intense, il passe aussi derrière la caméra pour la cinquième fois... en plus d’être coproducteur.

La dernière fois qu’on a vu Daniel Auteuil au grand écran, c’était dans Un silence, de Joachim Lafosse, et dans lequel il incarnait également un avocat, mais celui-ci pédophile. Dans Le fil, il prête ses traits à Jean Monier, qui ne plaide plus au criminel depuis qu’un de ses clients a été acquitté alors qu’il était coupable. Mais, convaincu de l’innocence de Nicolas Milik (Grégory Gadebois), accusé d’avoir tué sa femme, il accepte de le prendre comme client.

PHOTO FOURNIE PAR TVA FILMS
PHOTO FOURNIE PAR TVA FILMS

«Je suis fasciné par le magma humain», nous dit Daniel Auteuil lorsqu’on lui demande la manière dont il choisit les longs métrages qu’il réalise et dans lesquels il joue. «C’est ma fille, Nelly, qui m’a fait connaître le blogue de maître Mô, l’avocat Jean-Yves Moyart», aujourd’hui décédé, et Le fil est l’adaptation d’un fait divers réel. Pourtant, il se tient habituellement loin des faits divers et après Amoureux de ma femme, adapté d’une pièce de Florian Zeller et sorti en 2018, il avait juré ne pas retoucher à une caméra.

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«Mais j’aime tous les personnages de Le fil», dit-il avec émotion. 

«Aujourd’hui, on nous explique tout [dans les séries et les films], on nous montre tout. Je voulais filmer le doute», souligne-t-il. 

Jouant habilement avec les codes du suspense judiciaire, Daniel Auteuil, le réalisateur, filme les témoins en gros plan, s’attarde sur le visage fatigué de son personnage, fait hésiter le cinéphile. Nicolas Milik est-il coupable ou est-il l’auteur d’un féminicide répugnant?

PHOTO FOURNIE PAR TVA FILMS
PHOTO FOURNIE PAR TVA FILMS

Le cinéaste s’est adjoint les services de Jean-François Hensgens, directeur de la photographie de Un silence. Un hasard? Non. «Je voulais faire des tableaux», répond-il lorsqu’on lui parle de la douceur avec laquelle il filme le procès, le choix des couleurs, l’emploi du rouge et l’utilisation, comme un motif récurrent, de la buée et de l’eau sur les vitres pour les scènes de retour en arrière. «Le doute», explique-t-il. Le doute qui plombe Jean Monier et qui s’insinue chez le spectateur.

Aucun signe de fatigue

Celui qui a eu 75 ans en janvier ne donne aucun signe de fatigue. Après tout, n’a-t-il pas décidé de coproduire Le fil? Et, fait notable, sa fille Nelly, dont Emmanuelle Béart est la mère, en est la productrice avec Hugo Gélin, le fils de Daniel Gélin. De plus, Aurore, son aînée, née de sa relation avec Anne Jousset, tient le rôle de la sœur de la victime.

Ce n’est pas la première fois que Daniel Auteuil et Aurore travaillent ensemble «J’ai joué avec Aurore au théâtre», dit-il avec fierté de son aînée, devenue actrice de plein droit, bien qu’il ait essayé de l’en dissuader.

Grégory Gadebois et Daniel Auteuil dans «Le fil».
Grégory Gadebois et Daniel Auteuil dans «Le fil». PHOTO FOURNIE PAR TVA FILMS

«La nouvelle génération m’apprend beaucoup», ajoute-t-il avant de commenter sa collaboration avec sa cadette. Car c’était la première fois que Nelly et son père travaillaient ensemble. Et il ne cache pas que, pendant la production, ils n’ont pas souvent été du même avis. 

«Mais c’est formidable, comme père, de me dire que ma fille a raison», avoue-t-il, là encore avec fierté.

Élargissant le propos, Daniel Auteuil demeure optimiste quant à l’avenir, tant du cinéma que du septième art. «Le cinéma a énormément changé, on n'a jamais autant filmé qu’aujourd’hui», fait-il remarquer en faisant référence aux plateformes numériques. «Le cinéma perdurera, c’est un lieu de partage», affirme-t-il avec conviction.

Et l’icône du cinéma français de glisser humblement, presque étonné: «Le fil a eu beaucoup de succès en France» avant d’ajouter, avec un sourire dans la voix «la gloire, c’est bien, mais le succès, c’est mieux.»

Le fil fascine les cinéphiles de la province dès le 18 avril.

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