La Lettonie rassurée par la présence canadienne, selon l'ambassadeur
«Nous avons toujours vécu avec la Russie à notre frontière, donc nous savons à quoi nous attendre d’elle»

Anne Caroline Desplanques
Notre armée est-elle aussi faible que Donald Trump le laisse entendre? Le président américain reproche au Canada de ne pas investir suffisamment sur le plan militaire. Pendant ce temps, l’essentiel du matériel et des soldats aptes au combat des Forces armées canadiennes sont postés aux portes de la Russie, en Lettonie. Notre Bureau d'enquête s'est penché sur notre engagement dans ce pays afin de faire le point sur l'état de nos troupes.
L’ambassadeur de la Lettonie au Canada, Kaspars Ozoliņš, est arrivé ici la veille de l’invasion russe en Ukraine, en février 2022. Depuis, il n’a qu’une mission: empêcher que ces concitoyens subissent le même sort. Son pays est entièrement organisé autour de l’adage romain si vis pacem, para bellum, «si tu veux la paix, prépare la guerre». Notre Bureau d’enquête l’a rencontré à l’ambassade lettonne, à Ottawa.
Qu’est-ce que la présence d’une brigade de l’OTAN change pour votre pays?
Nous demandions un appui de l’OTAN depuis longtemps. Nous avons toujours vécu avec la Russie à notre frontière, donc nous savons à quoi nous attendre d’elle. Elle nous a occupés, nos familles ont été déportées dans les goulags en Sibérie. Mais pendant longtemps, l’Alliance a refusé de voir la Russie comme une menace, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Ce changement de posture et la réponse qu’elle implique font que nous nous sentons aujourd’hui plus en sécurité.
N’est-ce pas paradoxal de se sentir plus en sécurité alors qu’on prépare la guerre?
Le but n’est pas de faire la guerre, mais d’être suffisamment crédible pour dissuader l’adversaire de la déclencher. Nous ne voulons pas nous mesurer à la Russie sur le champ de bataille. Nous voulons la paix. Pour ça, nous devons lui montrer que nous sommes si forts qu’elle n’aura pas envie de nous attaquer. C’est l’objectif de la brigade de l’OTAN.

Pourquoi est-ce important que l’armée canadienne soit chez vous?
Le Canada est différent des autres pays qui dirigent des opérations chez nos voisins baltes, car c’est un allié transatlantique. La distance vous oblige à prépositionner du matériel chez nous dès maintenant. Vous ne pouvez pas attendre une attaque pour envoyer vos chars d’assaut et tout le reste.
Qu’est-ce qu’il manque pour assurer votre sécurité?
Un système de défense antiaérienne contre les bombardements. Le ministère canadien de la Défense a choisi d’investir dans des armes antichars et antidrones. C’est évidemment nécessaire. Mais ce n’est que la première couche de défense antiaérienne. Pour protéger le camp Adazi et nos villes, il faudrait aller jusqu’au système antimissile Patriot, que nous n’avons pas les moyens d’acquérir.
Les propos de l’ambassadeur Ozoliņš ont été traduits et condensés pour faciliter la lecture.