Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Entrevue | Bigflo & Oli: dans le rap, les gentils peuvent aussi gagner

Bigflo & Oli a fait fi de ses détracteurs et il en récolte aujourd'hui les fruits.
Bigflo & Oli a fait fi de ses détracteurs et il en récolte aujourd'hui les fruits. Photo fournie par Universal Music Canada
Partager
Photo portrait de Cédric Bélanger

Cédric Bélanger

2025-07-19T04:00:00Z
Partager

À leurs débuts, Florian et Olivio Ordonez traînaient une mauvaise réputation dans le milieu compétitif du rap français: celle d’être positifs. D’être trop gentils.

Ce n’était apparemment pas bien vu d’écrire des chansons avec des paroles qui véhiculent de bonnes valeurs, mais Bigflo & Oli ont persisté.

Dans une entrevue qu’il a accordée au Journal durant leur passage au Festival d’été de Québec, quelques heures avant leur concert mémorable sur des plaines d’Abraham bondées de festivaliers en délire, Oli s’est souvenu que «faire sa place a été compliqué».

«Je le comprends maintenant. On était tellement aux antipodes de ce qui se faisait. Tellement différents, quoi. On arrivait avec notre histoire commune, mais finalement qui n'était pas commune dans ce milieu-là, nous qui étions des musiciens du conservatoire.»

«Nous étions de l’inconnu. Déjà, des rappeurs de Toulouse, il n’y en avait pas eu depuis des années. Il y avait eu un peu les KDD et Dadoo à l'époque, mais rien que ça, c'était fou pour les gens.»

L’improbable succès

Ils ont été regardés de haut, on a dit d’eux qu’ils faisaient du rap pour enfants, mais ont refusé de changer, et aujourd’hui, ils récoltent abondamment les fruits de leur travail.

De La cour des grands, en 2015, à Les autres c’est nous, en 2022, tous leurs albums ont été certifiés platine ou or en France. Leurs concerts rassemblent régulièrement des dizaines de milliers de personnes.

Publicité

«Être outsiders nous a donné des ailes en fait, proclame Oli. Ça allait même au-delà du milieu du rap, on était un peu outsiders en général, on n’avait pas toutes les cartes en main. Sur le papier, tu ne te disais pas que ça allait faire des stades ou un gros succès comme ça. C'est ce qui est génial, je trouve.»

Le poids des mots

Le succès vient avec une certaine responsabilité que Bigflo & Oli assument «à 100%», ce qui n’est pas le cas de tous les artistes, regrette Oli. «Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent en entrevue: j’écris ça et les gens le prennent comme ils le veulent. Pas du tout.»

C’est qu’avant d’être des idoles, Florian et Olivio ont été eux-mêmes des admirateurs.

«Nous avons tellement été éduqués à IAM. On écoutait des phrases de Booba et nous avions l’impression d’être les rois du monde. Ça nous motivait. On sait donc le poids [que les mots] peuvent avoir dans une famille qui n’a pas trop d’argent. Je ne dis pas que nous sommes des médecins ou de grands scientifiques qui ont trouvé des remèdes, mais on se rend compte qu’on peut faire du bien et que nous avons un petit rôle à jouer.»

Au Québec, le rap mélodique et les textes riches et sincères de Bigflo & Oli ont trouvé de nombreuses oreilles. «Chaque fois qu’on vient, on reçoit énormément de messages», s’étonne Oli.

Comment l’expliquer?

«J'ai la sensation qu'il y a un rapport à la positivité, une candeur qui n'est pas mal vue. Ici les gens sont en paix avec eux-mêmes, dans leur crédibilité, dans leur authenticité, et ça résonne avec les gens. C'est mon analyse de philosophe amateur.»

Comme Harry Potter

Dix ans après leurs débuts, les frères Ordonez remarquent que leurs chansons sont devenues la trame sonore de la vie de leurs admirateurs.

«L’autre jour, j’ai croisé quelqu’un devant notre hôtel qui me racontait qu’il avait grandi avec nous. C’est marrant de constater que nous avons été comme une saga, comme Harry Potter. Dans les premiers films, tu as l’âge de l’acteur, tu grandis et dans le film numéro 4, il tombe amoureux en même que toi», raconte le rappeur.

Publicité
Publicité