«Votre Robert Charlebois, c’est une légende, mais pas moi»: le chanteur français Alain Souchon sera aux Francos de Montréal


Cédric Bélanger
«Une légende? Je ne suis pas une légende...» En visioconférence, flanqué de ses fils et compagnons de scène Pierre et Ours, Alain Souchon a joué la carte de l’humilité quand le représentant du Journal lui a signalé qu’on lui accolait parfois l’étiquette de légende de la chanson française.
Il ne l’entendait pas ainsi. «C’est parce que je suis là depuis longtemps, c’est parce que j’ai une santé qui va. Je suis un chanteur actif. Je fais des chansons et je les chante. Je ne suis pas une légende.»
Le répertoire de l’auteur-compositeur-interprète de 81 ans contient tout de même des classiques comme Allô maman bobo, Foule sentimentale, La ballade de Jim et Quand j’serai KO. En plus de tout le reste. On a forgé des légendes pour moins que ça.
N’empêche, Alain Souchon poursuit: «Jacques Brel, c’est une légende. Votre Robert Charlebois, c’est une légende, mais pas moi.»
C’est son fils Ours qui se charge affectueusement du rappel à l’ordre.
«Tes chansons font un peu partie de la vie des gens, lui dit-il, même du patrimoine de la culture française, malgré toi. Tu as été un modèle, tu as ouvert une voie, une manière de dire les choses. Donc, je suis d’accord avec vous [qu’il est une légende], mais il n’aime pas qu’on le dise. Ça le gêne.»
Rare visite
Le prétexte de cet entretien avec les Souchon, père et fils, c’est un spectacle à la Salle Wilfrid-Pelletier, aux Francos de Montréal, le 20 juin.
L’occasion est rare. Comme un autre grand nom de la chanson française, le regretté Johnny Hallyday, Alain Souchon n’a pas chanté souvent au Québec. Sa dernière visite remonte à 2016. Avant? 2001.
Il jure qu’il ne nous boude pas.
«C’est parce qu’on ne me demande pas d’y aller, sinon j’irais tous les huit jours», assure M. Souchon, tout en vantant l’accueil invariablement chaleureux qu’il dit recevoir des Québécois.
Passion commune
On le retrouvera donc avec ses fils, avec qui il fait de la musique depuis un moment déjà.
C’est un privilège, reconnaît-il, de partager une passion avec ses enfants. «Je me sens privilégié, et eux, je crois qu’ils aiment bien.»
Ours confirme: «De se retrouver sur scène, de le voir, à 80 ans, interpréter si bien ses chansons et bouger – il a encore pas mal d’énergie et les gens l’applaudissent –, il y a quelque chose de vraiment précieux et beau dans cette histoire.»
C’est non seulement un privilège, mais un ordre du médecin que cette tournée avec Ours et Pierre. Sans blague.
«C’est vrai, confirme Alain Souchon, j’étais allé le voir pour je ne sais plus trop quoi, et il ne m’a pas donné de médicaments. Sur l’ordonnance, il a écrit de partir en tournée avec vos enfants.»
Voilà le genre de médication qui fait plaisir. Les Souchon ont apprécié. Le médecin a été récompensé.
«On lui a réservé des places», concluent ses fils.