Louis-Jean Cormier, entre tristesse et lumière


Raphaël Gendron-Martin
Avant de lancer Quand la nuit tombe, en mars 2020, Louis-Jean Cormier avait déjà en tête de revenir rapidement avec un autre album à la fin de la même année. La pandémie, et surtout le décès de son père, a toutefois chamboulé ses plans. Le voici qui arrive un peu plus d’un an plus tard avec Le ciel est au plancher, un album inspiré par le deuil, écrit à la manière du cinéma.
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Depuis longtemps, Louis-Jean Cormier avait l’idée de faire 20 chansons en 2020. L’auteur-compositeur voulait d’abord sortir un premier album au printemps, puis sa suite logique quelques mois plus tard.
Quand la pandémie a frappé, il a alors décidé de retourner sur la planche à dessin avec son collaborateur, François Lafontaine. À ce moment-là, le musicien venait de perdre son père, Marcel, quelques semaines auparavant, le 27 janvier 2020.
Ce nouveau deuil a pris le dessus sur l’inspiration. Louis-Jean Cormier en est même convaincu : « Ce disque-là n’existerait pas si mon père n’était pas décédé l’année passée. »
Le ciel est au plancher est donc un album qui possède une direction artistique réfléchie. « C’est la plus belle direction artistique que j’ai faite, dit Louis-Jean. On s’est rencontrés, François et moi, et on a imaginé un décor sonore sans jouer une note de musique. »
Avec le parolier Daniel Beaumont, Louis-Jean Cormier a ensuite imaginé un scénario pour l’album, qui racontait un aller-retour Montréal–Sept-Îles pour vivre un deuil.
« On a fait l’ordre des chansons, comme un genre de storyboard, même si les pièces n’étaient qu’à moitié écrites, relate Louis-Jean. Je suis ensuite parti dans un chalet pour écrire ça. J’ai écrit un peu à la manière du cinéma, avec une vue d’ensemble. »
La vraie vie
Sur l’album, on retrouve entre autres deux pièces qui ont pour titres des coordonnées géographiques (50° 13' 36 404" N 66° 23' 4 204" W et 45° 32' 4 924" N 73° 35' 57 134" W). « Ce ne sont pas les adresses tout à fait précises, mais elles représentent mon lieu d’enfance à Sept-Îles et mon lieu de vie à Montréal, dit le musicien. C’était pour montrer à quel point ce disque-là est authentique. Pour moi, il représente la vraie vie. [...] Je me force à dire que c’est un album hommage à Marcel Cormier, qui est personnel, mais qui est en même temps rempli de lumière et de scénarios communs. »
Avec cet album, Louis-Jean Cormier mentionne s’être amusé « à travers les larmes et les souvenirs à retourner de façon créative dans le sous-sol à Sept-Îles, avec les odeurs. »
La chanson-titre aborde notamment « le feeling de marcher, de traverser la ville. » « À Sept-Îles, il y a de longs espaces, des boulevards très linéaires. Quand tu marches le soir, t’as l’alternance entre le faisceau du lampadaire, la noirceur, l’autre lampadaire. C’était cette idée-là dans la phrase “je croise la mort entre chaque lampadaire”. »
Spectacles jubilatoires
Il y a quelques jours, Louis-Jean Cormier a recommencé les spectacles, une expérience qu’il décrit comme « jubilatoire ». « Ça fait du bien de retrouver des sentiments, des vibrations, dit-il. L’autre jour, à Sherbrooke, ils étaient peut-être 250, mais ils criaient comme s’ils étaient 10 000. C’est vraiment fou. Tu vois que derrière le masque, il y a des émotions, des cœurs gonflés, des larmes. »
L’auteur-compositeur affirme être rempli de gratitude de pouvoir donner quelques spectacles malgré les contraintes sanitaires. « On sait qu’on est privilégiés. Ce ne sont pas tous les artistes qui ont la chance d’avoir un stage en ce moment. »
Le 360 et Karkwa
En plus de travailler sur Le ciel est au plancher, durant la dernière année de pandémie, Louis-Jean Cormier a aussi mis sur pied une nouvelle plateforme en ligne, Le 360. On peut y voir notamment des rencontres avec d’autres artistes et des classes de maître.
« Le but est de faire rayonner la musique d’ici, de profiter de la base de fans que j’ai pour leur faire découvrir de nouveaux artistes et faire réfléchir les gens sur la valorisation de l’art. »
Sur Le 360, on peut aussi voir Louis-Jean jouer avec ses anciens partenaires du groupe Karkwa. Pourra-t-on éventuellement entendre de nouvelles chansons de cette formation dont le dernier album remonte à 2010 ?
« Il va certainement y avoir une suite, répond-il. On a mis des dates au calendrier. Notre but serait de rentrer en studio avec zéro idée et de créer on the spot avec les cinq membres originaux. [...] On va bricoler de quoi et voir vers quoi ça nous amène. Je pense qu’il y a un échéancier possible. Ça va décaler un peu, car on a tous des projets à rentabiliser. Mais dans un avenir assez rapproché, il devrait y avoir du stock à écouter. »
Le nouvel album de Louis-Jean Cormier, Le ciel est au plancher, est sur le marché. Pour plus d’infos : cliquez ici.