Entendre la voix des pères immigrants

La Semaine Québécoise de la Paternité porte cette année sur les multiples réalités des pères immigrants. Le Regroupement pour la Valorisation de la Paternité et ses partenaires invitent la population québécoise à tendre l’oreille cette semaine pour entendre la voix de ces pères afin de mieux comprendre ce qui les habite.

Les pères immigrants ont plein de choses à nous dire. Si on saisit l’occasion de les écouter, on constatera qu’ils nous parleront tout d’abord de leur grand rêve, de leur important projet d’assurer le mieux-être de leurs enfants et de leur famille. Projet pour lequel ils ont fait le choix de quitter leur pays d’origine, de se déraciner afin de bâtir ici un avenir porteur d’espoir.

Ils nous parleront aussi souvent de leurs inquiétudes, de leur désarroi, lorsque leurs diplômes et leurs compétences ne sont pas reconnus, et qu’ils doivent occuper plusieurs petits boulots pour payer le loyer, les factures, l’épicerie.

Leurs préoccupations

Ils pourront également nous entretenir longuement des démarches en lien avec leur statut migratoire. De leur perplexité et de leur incompréhension devant des procédures changeantes, parfois frustrantes, qui diffèrent souvent de ce qu’on leur avait dit à l’origine.

Ils nous parleront toujours, avec une grande fierté, des réussites de leurs enfants. De leurs succès à l’école, de leur facilité à s’intégrer rapidement, de la proximité parfois plus grande qu’ils auront développée avec eux. Ils nous parleront aussi, peut-être, de leur volonté de transmettre à leurs enfants leur héritage culturel tout en les préparant au mieux pour une vie réussie au Québec.

Ils nous feront part assurément de leur difficulté à comprendre comment fonctionne notre réseau de services dans toute sa complexité, mais nous témoigneront probablement leur émotion devant les mains tendues du personnel intervenant ou d’un soignant d’un organisme communautaire, du CLSC de leur quartier ou d’un centre hospitalier.

Fort possiblement qu’ils ne nous décriront pas les traumas qui les habitent, même si plusieurs d’entre eux ont vécu des expériences difficiles pendant le périple qui les a menés au Québec. De plus, ils seront peut-être réservés quant à leurs inquiétudes face à des préjugés qui pourraient affecter le bien-être de leurs conjointes, conjoints et enfants.

Adaptation

Ils nous confieront aussi probablement que leur rôle de conjoint se redéfinit ici, dans un nouvel environnement, en l’absence de leur famille élargie, et qu’ils sont appelés à assumer de nouveaux rôles et de nouvelles tâches auxquels ils ne sont parfois pas habitués.

Ils nous parleront certainement avec beaucoup d’émotion des membres de leur famille élargie restés au pays, qu’ils soutiennent souvent financièrement et qui leur manquent terriblement. Ils mentionneront peut-être, pudiquement, qu’ils se sentent bien seuls, mais que l’appui de leur conjointe ou de leur conjoint leur permet de passer au travers des épreuves.

Mais ils nous parleront surtout de leurs espoirs, de leurs projets, de leurs rêves de participer pleinement à la création d’une société riche et diversifiée au sein de laquelle leurs enfants pourront grandir et s’épanouir.

En cette Semaine Québécoise de la Paternité, nous vous invitons donc à tendre l’oreille pour entendre la voix des pères immigrants et de leur famille. Ils ont tant de choses à nous raconter et tant de choses à nous apporter.

Raymond Villeneuve

Directeur général

Regroupement pour la Valorisation de la Paternité