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L'article provient de TVA Nouvelles

Enseignement: mettre de l’ordre dans la profession

Photo d'archives, Agence QMI
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Simon Landry, Enseignant de la région métropolitaine

2023-04-30T09:00:00Z
2023-04-30T11:04:33Z
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Les récents événements à l’école primaire de Sainte-Marthe-sur-le-Lac ont secoué le Québec en entier.  

Il faut maintenant tout faire pour que les élèves de cette classe reçoivent les services adéquats afin de panser leurs blessures. Assurons-nous que la personne qui prendra la relève de cette classe sera bienveillante et qu’il n’y aura pas un défilé de suppléants d’ici juin. L’aspect scolaire doit être relégué à l’arrière-plan, car la priorité absolue concernant ces enfants est de leur redonner le goût d’aller à l’école et d’apprendre.  

Plusieurs se sont indignés que personne d’autre dans l’école n’ait dénoncé cette situation. On apprend maintenant que plusieurs signalements ont été faits concernant cette enseignante. Il n’y a pas que des individus qui ont failli à leur tâche, mais aussi le système. 

Les parents et les enseignants ne savent parfois plus vers qui se tourner (direction d’école, protecteur de l’élève du CSS, protecteur national de l’élève, 1 833 Je-denonce, DPJ) lorsque de telles situations se produisent. 

Porter plainte 

Il est actuellement impossible pour un enseignant de porter plainte formellement contre un collègue lorsque ce genre d’événement survient. Le seul mécanisme de dénonciation possible en ce moment pour les enseignants est de faire un signalement à un supérieur immédiat.  

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Comment peut-on s’expliquer qu’en 2023, avec tous les moyens technologiques dont nous disposons, il soit impossible pour les parents de connaître l’historique disciplinaire de la personne qui enseigne à leurs enfants quotidiennement? 

Comment peut-on justifier qu’une mesure disciplinaire donnée à un enseignant s’efface complètement de son dossier après une période prédéterminée, laissant les parents dans l’ignorance la plus totale? Je ne suis aucunement contre le principe de réhabilitation d’un enseignant fautif, mais je m’explique mal ce manque de transparence. 

Une solution fort simple est pourtant sur la table depuis plusieurs décennies: un ordre professionnel. Il s’agit d’ailleurs d’une autre promesse phare de la CAQ abandonnée en cours de route.

  • Écoutez l'entrevue avec Simon Landry, enseignant de la région métropolitaine à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour en direct via QUB radio : 

Transparence 

Avec un ordre, les parents pourraient accéder aux informations pertinentes concernant les enseignants de leurs enfants (qualifications, champs d’expertise, historique disciplinaire, etc.). Consulter ne serait-ce que quelques minutes le site de l’ Ordre des enseignantes et enseignants de l’Ontario vous permettra de constater à quel point c’est une ressource facile d’utilisation. On peut y formuler une plainte ou trouver les renseignements sur un enseignant en quelques clics. 

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Le mouvement syndical s’y opposera farouchement comme toujours et le gouvernement refusera de bouger pour ne pas avoir à affronter ce puissant lobby. On prétendra à la chasse aux sorcières. On affirmera qu’il y a suffisamment de mécanismes de protection en place en ce moment. Les récents événements nous démontrent clairement les lacunes de ces mécanismes. Protéger les enseignants est nécessaire, mais protéger le public l’est tout autant.  

Est-ce qu’un ordre viendra régler tous les cas d’abus dans nos écoles? Non 

Est-ce qu’un ordre viendra résorber magiquement la pénurie enseignante? Non 

L’ordre ne sera pas une solution miracle à tous les maux de notre système d’éducation. 

Peut-on quand même exiger que cette noble profession fasse preuve d’une plus grande capacité d’autorégulation et d’une plus grande transparence face au public? Je suis convaincu que oui, mais cela doit découler d’une volonté du corps enseignant dans son ensemble. 

Il faut maintenant passer de la parole à l’action. Même si le gouvernement et les syndicats refusent de bouger sur cet enjeu, rien n’empêche les enseignants de prendre eux-mêmes leur profession en main. 

Redonnons à la jeunesse québécoise l’éducation de qualité à laquelle elle a droit. Il en va de notre avenir à tous. 

PHOTO MARTIN ALARIE
PHOTO MARTIN ALARIE

Simon Landry, Enseignant de la région métropolitaine

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