Enseignement du français: la CAQ respectera-t-elle sa promesse électorale?

Daphnée Dion-Viens
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, refuse de dire s’il va aller de l’avant avec une promesse électorale de la Coalition Avenir Québec qui prévoit une révision «en profondeur» des programmes de français, afin de valoriser son enseignement sur les bancs d’école.
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Le Journal rapportait dimanche que plus de la moitié des cégépiens affirment avoir besoin d’aide pour écrire sans fautes, selon une vaste enquête réalisée auprès de milliers de jeunes. Ce constat n’est pas étonnant pour des enseignants qui retrouvent régulièrement dans les copies de leurs étudiants des erreurs qu’on ne devrait plus faire à la fin du primaire.
Invités à commenter la situation, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, et la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, ont refusé nos demandes d’entrevue à ce sujet lundi, se contentant d’indiquer qu’ils travaillent à mettre en place des mesures pour préserver la qualité et la maîtrise du français.
«Nous ne ferons pas de compromis à cet effet. Nous sommes conscients que la pandémie a eu des répercussions sur nos jeunes étudiants», peut-on lire dans une déclaration commune provenant de leur cabinet.
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Réviser les programmes de français
Au cabinet du ministre de l’Éducation, on refuse par ailleurs de confirmer si M. Drainville ira de l’avant avec la révision des programmes d’enseignement du français, comme il est mentionné dans la plateforme électorale de la Coalition Avenir Québec.
«Dans un second mandat, un gouvernement de la CAQ entend mettre l’accent sur l’enseignement du français aux jeunes. En fait, on doit entreprendre une révision en profondeur de l’ensemble des programmes d’enseignement du français», peut-on lire.
Cet engagement n’a toutefois pas fait l’objet d’une annonce au cours de la campagne électorale, ce qui «ne veut pas dire que nous ne travaillons pas sur cet enjeu spécifique», a indiqué Florence Plourde, attachée de presse du ministre Drainville.
Cette dernière a toutefois refusé de confirmer si une révision des programmes sera bel et bien entamée, affirmant qu’il était trop tôt pour commenter davantage.
De son côté, le Parti québécois presse la ministre de l’Enseignement supérieur de mettre en place un plan d’action pour améliorer la qualité du français au cégep.
L’enseignement du français commence au primaire et se poursuit au secondaire, mais il ne faut pas «abandonner» les étudiants une fois rendus au cégep, affirme le député Pascal Bérubé, qui réclame davantage de soutien pour les cégépiens.
L’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, avait créé l’an dernier un groupe d’experts qui a eu le mandat de trouver des solutions pour améliorer la maîtrise du français au cégep et à l’université, mais son rapport n’a pas encore été rendu public.
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À la Fédération des cégeps, on réitère à quel point la maîtrise du français est importante dans le parcours collégial. «On sait que le premier critère de réussite, c’est la langue», affirme son président-directeur général, Bernard Tremblay.
Les cégeps auraient avantage à prendre le virage numérique, comme le réclament des étudiants, puisque les jeunes n’utilisent plus le papier et le crayon dans la vie de tous les jours, affirme-t-il.
L’utilisation d’un logiciel de correction comme Antidote pourrait devenir une «opportunité d’apprentissage», plutôt qu’une «béquille», ajoute M. Tremblay.
Les difficultés des cégépiens à maîtriser la langue de Molière se traduisent par ailleurs par une augmentation des inscriptions aux cours de mise à niveau en français dans les cégeps, qui sont passées de 13 750 en 2020-2021 à 14 300 l’année dernière selon les plus récentes données du ministère de l’Enseignement supérieur.
Dans plusieurs collèges, ces cours sont obligatoires pour les étudiants qui ont terminé leur secondaire avec une moyenne de 70% et moins en français.