Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Élections : énorme victoire, gigantesques défis

Partager
Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2022-10-04T02:53:28Z
2022-10-04T04:19:39Z
Partager

Malgré une victoire plus totale encore qu’en 2018, les défis de François Legault et de sa CAQ s’annoncent énormes dans le mandat qui vient.

On me traitera d’oiseau de malheur, mais c’est presque une loi historique : les deuxièmes mandats, souvent très forts, s’avèrent infernaux pour les partis et les chefs qui réussissent à en décrocher.

Robert Bourassa, de 1973 à 1976, malgré ses 102 élus sur 110, dut convoquer le peuple aux urnes dès 1976 afin de contrer nombre de problèmes, dont un gros caucus revêche et d’insistantes allégations de corruption.

La pandémie

René Lévesque et le PQ obtinrent leur victoire la plus décisive en 1981 (49,26 % et 80 sièges). Or, les années subséquentes furent des plus éprouvantes. Crise inflationniste, bras de fer avec les syndicats, « beau risque », démission en bloc de ministres.

Le 24 septembre, j’ai demandé à François Legault s’il craignait de vivre un tel enfer : « Il y a eu deux ans et demi de pandémie. D’une certaine façon, c’est un peu comme un premier, celui qui s’en vient. »

La pandémie : elle a un rôle clé dans cette victoire. Nombre d’électeurs ont compris qu’il s’agissait d’un défi de gestion hors du commun pour lequel François Legault n’aura ménagé aucun effort. Malgré les erreurs et décisions douloureuses, plusieurs auront voulu saluer cet aspect du mandat de « monsieur Legault ».

Publicité

En même temps, la pandémie aura d’une certaine manière mis le chef de la CAQ à l’abri, occultant les partis d’opposition pendant de longs mois.

L’irruption d’une droite conservatrice sans compromis et sans indulgence quant à la gestion pandémique aura sans doute amené plusieurs électeurs à se réfugier à la CAQ.

  •  Écoutez la rencontre Rémi Nadeau et Antoine Robitaille diffusée chaque jour en direct 17 h 30 via QUB radio :

Peu inspirant

Que fera François Legault de ce second mandat massif ?

Dans les dernières semaines, la CAQ ne nous en a donné qu’une idée très vague et peu inspirante.

Son projet de loi numéro un visera, a promis le chef, à « réglementer tous les tarifs », permis de conduire, etc., lesquels seront plafonnés au plus « plus bas de l’inflation ou de trois pour cent ».

Dire que cela fait rêver – malgré l’importance de ces questions pour nos portefeuilles – serait mentir.

Les difficultés des deuxièmes mandats proviennent souvent d’une fatigue des idées, mais aussi des projets.

La fastidieuse campagne de la CAQ, minée par les thèmes obsédants de l’immigration et du troisième lien, semblait imprégnée de ce type d’essoufflement. Une récession à venir, des tensions et du grenouillage internes, idéologiques ou encore liés à un potentiel départ du chef Legault ne faciliteront certainement pas la vie caquiste.

Boomerang

Enfin, avec le Parti Québécois et le Parti conservateur honteusement pénalisés par les distorsions du mode de scrutin uninominal à un tour – et avec le PLQ grossièrement avantagé – le débat sur la proportionnelle reprendra inévitablement. Surtout que la CAQ, même si elle a rompu sa promesse de 2018, a tout de même fait avancer le débat en déposant, en septembre 2019, un projet de loi étoffé. Et François Legault a à son actif, sur le sujet, plusieurs déclarations et professions de foi passées très éloquentes qui lui reviendront comme un boomerang.

Publicité
Publicité