Enfin, plus de femmes noires en politique au Québec

Anne-Lovely Etienne
BILLET - La CAQ vient d'annoncer qui serait sa candidate aux élections partielles dans Marie-Victorin : il s'agit de Shirley Dorismond, une infirmière syndicaliste. Elle s’ajoute à cette liste de femmes noires d’ici qui se font voir en politique récemment, et je m’en réjouis, surtout alors que s'amorce le Mois de l'histoire des Noirs.
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Il y a quelques années, les femmes d’origine afro-descendantes étaient quasi-inexistantes dans la sphère politique au Québec.
Oui, il y a eu des exceptions. Je pense entre autres à Yolande James, ministre de l’Immigration pendant le règne libéral de Jean Charest (2007-2010), qui a été la première femme noire à siéger au Conseil des ministres au Québec.
Il y a aussi eu Michaëlle Jean, gouverneure générale du Canada de 2005 à 2010, qui a été la première personne noire à occuper ce poste.
On s’entend que c’est huge. Être la première à briser des barrières, c’est exceptionnel.
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Le vent tourne

En ce moment, on sent que le vent tourne et que la représentation se fait plus forte. Ce souffle de renouveau, peut-être inspiré par le mouvement Black Lives Matter, coïncide aussi avec la nomination importante de femmes de couleur en politique, comme Kamala Harris, première femme racisée à porter le titre de vice-présidente des États-Unis d’Amérique.
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Chez nous, il y a aussi la cheffe du Parti libéral du Québec Dominique Anglade, qui est aussi la première femme à diriger ce parti en 150 ans d’histoire. #justeça

Lors des élections municipales en novembre dernier, Gracia Kasoki Katahwa est élue mairesse de l’arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce. L’infirmière d’origine congolaise s’inscrit dans les livres d’histoires de la métropole, en étant la première femme noire à la tête d’un arrondissement montréalais.

De plus, durant ces élections municipales, Martine Musau Muele, élue conseillère de ville dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, est devenue la première femme noire à présider le conseil municipal de Montréal.

Lors d’une conférence de presse à la Ville, mon collègue de l'Agence QMI Félix Lacerte-Gauthier a récolté une citation de Mme Muele qui m’a vraiment émue : «La peau ébène que je porte a toujours été une différence qui m’a été fait remarquer par les autres.»
«Moi, je ne la vois pas, je vis dedans. Je le reconnais, le symbole est fort, et j’espère qu’il sera inspirant pour ceux qui cherchent de l’inspiration», a-t-elle révélé.
Je vous confirme, Mme Muele, que c’est grandement inspirant.
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Une représentation viscérale
Cet espace dans les positions de pouvoir occupé par des femmes noires est plus qu’essentiel au niveau de la représentation. Et cette représentation est viscérale pour les petites filles et les jeunes femmes noires :
Oui, il est possible de devenir ingénieure, cheffe de parti et de débattre de nos idées au Salon Bleu à l’Assemblée nationale, même si on a la peau foncée.
Oui, il est possible d’être infirmière puis de gravir les échelons et de devenir mairesse de son arrondissement pour agir concrètement sur des enjeux importants pour le quartier.
Oui, il est même possible de porter des twists dans les cheveux, de critiquer des mesures du gouvernement en poste... et que le premier ministre du Québec lui-même en personne te courtise pour devenir une candidate pour son parti.

Femmes noires, plus que jamais, tout devient possible!
Moi, Anne-Lovely, j’assiste au Québec à la deuxième révolution (que je qualifierai d’extra-tranquille), qui fait ses débuts dans les années 2020. Même si le changement s’opère trop lentement à mon goût, je m’emballe de voir de plus en plus de femmes afro-québécoises apporter leur couleur à la scène politique.
Et je dis merci aux pionnières, à nos mères qui se sont battues pour notre éducation, aux immigrantes qui ont contribué à bâtir cette société, aux battantes qui se sont rebellées pour leurs droits, aux alliés qui ont cru en nos capacités...
Joyeux Mois de l’histoire des Noirs.