Encore des doutes concernant le site choisi pour le futur aréna de Magog
Guillaume Cotnoir-Lacroix
Le projet de nouvel aréna à Magog sur le site de l’école secondaire La Ruche n’arrive pas pour l’instant à rallier toute la communauté. Les membres du conseil d’établissement de l’école demandent des garanties à l’OBNL porteuse du projet sans quoi ils s’opposeront à l’arrivée du nouveau bâtiment sur le campus.
Les 19 membres ont voté à l’unanimité à la mi-mai une résolution demandant entre autres une «consultation ouverte et structurée» auprès des élèves, de leurs familles, du personnel et des citoyens du secteur. Sur ce conseil siègent justement des élèves, des membres du personnel et des membres de la communauté.
«Nous, ce qu’on a en ce moment, ce sont des inquiétudes», lance Catherine Boire, présidente du conseil d’établissement.
Parmi les craintes, le conseil d’établissement estime n’avoir aucune garantie que les installations actuelles, qui devront être déplacées pour laisser place au projet d’aréna, seront reconstruites dans le même état ou dans un meilleur état. Catherine Boire évoque le terrain synthétique, une serre éducative ainsi qu’une classe extérieure, qui vient à peine d’être aménagée.
«Ce qu’on entend sur le terrain, ce n’est pas le message qui est véhiculé en ce moment par l’OBNL comme quoi tout le monde a quelque chose à gagner avec ce projet-là», estime la présidente.
«La population n’a jamais réellement été consultée par rapport au choix du site», pense-t-elle aussi.

La directrice du centre de services scolaire des Sommets, Lisa Rodrigue, veut toutefois se faire rassurante. Elle rappelle que le projet avait déjà été annoncé pour l’école La Ruche, mais à un autre endroit sur le site. Le CSS a voulu éviter de présenter à nouveau un projet qui n’était pas prêt à l’être.
«À ce moment-ci, nous, on n’était pas prêts à leur donner certaines informations, parce que le projet en était rendu à sa version X», explique-t-elle.
Elle confirme aussi que les trois infrastructures dont fait mention le conseil d’établissement seront bel et bien reconstruites, et qu’un futur agrandissement de l’école a aussi été pensé dans les plans et ne sera pas compromis avec l’ajout de l’aréna.
Le CSS des Sommets n’a toutefois pas l’intention de répondre positivement à la demande du conseil d’établissement de l’école quant à une nouvelle consultation et conteste les propos de Mme Boire selon lesquels la population n’aurait jamais été sondée.
«À l’origine du projet il y a eu une rencontre publique où toutes les préoccupations ont été nommées, précise Lisa Rodrigue. À ce moment-ci, à l’étape où on est rendus dans le projet, on est plus à ce stade-là. Je pense qu’on est rendus à montrer les travaux qui sont faits, brosser le tableau des plans et tout ça. Je pense qu’avec ça les gens vont vraiment voir l’enrichissement du milieu et ils vont être positifs», analyse-t-elle.
Au cœur des récriminations du conseil d’établissement se trouvent aussi les communications faites par l’OBNL Aréna Memphrémagog au fil du temps selon lesquelles la subvention de plus de 20 M$ offerte par Québec pour le projet était perdue si la construction n’était pas réalisée sur le site de l’école La Ruche. La réalité est effectivement plus nuancée selon un courriel du ministère de l’Éducation obtenu par TVA Nouvelles et il serait possible de changer de site et conserver tout de même la subvention, à certaines conditions.

«Le projet soumis devrait rester le même que celui soumis à l’origine», écrit un employé du ministère, qui indique aussi que le promoteur du projet devrait être propriétaire du nouveau terrain envisagé ou encore faire la preuve de la signature d’un bail emphytéotique.
«On a fait un peu le saut et on a été choqués de l’apprendre», indique Mme Boire.
Le directeur général d’Aréna Memphrémagog, toutefois, persiste et signe: il estime que le projet ne pourrait pas se faire sur un autre site, comme le site de l’aréna actuel de Magog, sur la rue Saint-Alphonse.
«Si on n’est pas dans un pôle de circulation majeur, comme le centre sportif, comme l’école, comme le futur aréna, pour des promoteurs ou des particuliers qui veulent se lancer en affaires, exemple avoir un restaurant, une clinique de physiothérapie, avoir une boutique, l’achalandage ne serait pas du tout le même. Au niveau du budget des opérations, ils ne balanceront tout simplement pas», estime le directeur général, un avis partagé plus tard par la mairesse de Magog, Nathalie Pelletier, en entrevue
«C’est le meilleur terrain parce qu’on optimise le périmètre urbain. On libère le terrain de l’aréna actuel où il pourrait y avoir un projet porteur, qu’on garde le bâtiment ou non il y a de la place autour pour un projet porteur. Au niveau de La Ruche, de tout rassembler au même endroit, un restaurant, professionnels, physiothérapeute et tout ça, en étant tous au même endroit, ça va répondre aux besoins de la population», analyse la mairesse.
Alors qu’il est déjà difficile de circuler aux abords de l’école aux heures de pointe et que l’école a dépassé sa capacité maximale, le conseil d’établissement demande aussi à voir des études de circulation et les solutions proposées pour remédier aux enjeux.
«Montrez-nous que vous êtes capables de réaménager le campus pour que ça fonctionne, mais à ce jour on n’a rien vu, on n’a pas vu d’études d’impact», tonne Mme Boire.
Le directeur général d’Aréna Memphrémagog, Nyk Beaulieu, veut lui aussi calmer le jeu et répond que les études de circulation sont commandées et en cours de réalisation. Sans rien confirmer, il indique qu’un élargissement du boulevard des Étudiants ou encore l’ajout d’un carrefour giratoire à l’entrée de l’école sont des options envisagées pour pallier les problèmes de circulation dans le secteur.
Les craintes pourraient s’estomper rapidement, selon Lisa Rodrigue, qui espère qu’une présentation officielle et en bonne et due forme du projet pourra être réalisée avant la fin de l’année scolaire. Nyk Beaulieu espère quant à lui une première pelletée de terre à l’automne 2025.
La mairesse de Magog espérait-elle un projet ficelé avant 2025, lorsque le premier ministre François Legault est venu annoncer l’aide financière, en mai 2022?
«Est-ce que j’aurais souhaité que ça avance plus vite, oui. Est-ce que ça avance quand même? Oui aussi. Moi je pense que c’est juste une question de temps, un temps limité avant que les gens puissent voir les maquettes et avoir plus d’informations grand public au niveau du projet», conclut-elle.