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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

En une semaine de règne, le peu populaire Charles III a su convaincre les Britanniques

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Agence France-Presse

2022-09-16T20:05:52Z
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«Exemplaire», «respectueux», mais surtout «à la hauteur»: Charles III, jusqu'ici moyennement apprécié des Britanniques, a su en une semaine convaincre ses sujets, signant après le décès de sa mère Elizabeth II de «très bons débuts» de roi.

Sous sa casquette à l'effigie d'Elizabeth II qu'il vénère, Richard Thomas ne tarit pas d'éloges sur le nouveau roi de 73 ans. «Il a été formidable en cette période difficile», indique-t-il, «très respectueux de sa mère» et «présent pour le peuple britannique». 

«Touchant», «digne»: pas une voix n'exprime de critique à l'encontre du nouveau monarque dans la longue queue qui serpente à travers Londres, attendant de pouvoir brièvement saluer le cercueil de la souveraine. 

Mais il en est de même hors des cercles acquis à la monarchie.

Son tout premier discours en tant que roi, où il rendait hommage à sa «maman chérie», a fortement ému autant que rassuré les Britanniques et la presse. Un premier verdict qui n'a rien d'évident, car Charles a longtemps occupé la place de mal-aimé de la famille royale. 

Dans un sondage YouGov réalisé depuis le décès de la reine, 63% des Britanniques pensent qu'il fera un bon roi, 15% pensent le contraire. Ils étaient à 32% contre 32% en mai, avec 35% d'indécis. 

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Il bénéficie désormais «du prestige du monarque régnant», explique l'experte royale Isabelle Rivière, autrice de nombreux ouvrages sur la famille royale.

«Cette semaine Charles III était à la fois un fils qui pleure sa mère, un chef d'État et le chef d'une nation, et il a assumé vraiment dignement ces trois rôles à la fois», dit-elle à l'AFP, jugeant les premiers pas du souverain «à la hauteur». 

Plus proche du peuple

Sa longue expérience des sphères du pouvoir s'est ressentie autant dans ses «allocutions très bien» écrites, où il a laissé libre cours à son «sens des formules», que dans ses premiers contacts avec le public: que ce soit en Écosse, où la reine est décédée, ou en Irlande du Nord lors d'une brève tournée officielle, il a su «à chaque fois trouver les gestes justes», décrypte Mme Rivière.

En y serrant de nombreuses mains, «il a aussi démontré que la monarchie sera désormais plus ouverte», analyse Vernon Bogdanor, politologue à King's College. Lorsqu'elle avait accédé au trône en 1952, «la reine n'avait pas du tout fait ça ! Personne ne pouvait la toucher».

Avec ses déplacements dans les différentes nations, dont le dernier vendredi au Pays de Galles, Charles a «montré que la monarchie ne sera pas centrée sur Londres», ajoute le politologue, «et qu'il est sensible à la nature diverse du Royaume-Uni». Un point essentiel dans un pays en crise, avec une inflation galopante, des tensions en Irlande du Nord et des velléités indépendantistes en Écosse.

«Ma femme, qui est nord-irlandaise, était vraiment heureuse qu'il y aille», dit John Grant, 65 ans, estimant que Charles a passé haut la main ce test délicat en réunissant lors d'une réception les partis locaux qui se déchirent depuis des mois. Pas spécialement admirateur de Charles - «vieux jeu», il ne pardonnait pas sa séparation avec Diana-, le Londonien estime cependant qu'«il fera sans doute un bon roi».

Comparaison constante

Parmi les rares voix dissonantes, les opposants à la monarchie, regroupés sous le hashtag «NotMyKing» (#PasMonRoi). Ils restent infiniment minoritaires dans le pays.

Une vidéo très relayée sur internet a cependant valu au roi quelques critiques: lors d'une signature officielle, on l'y voit perdre son sang-froid en raison d'un stylo qui fuyait.

Une «surprise désagréable» pour Elena S., 37 ans. «Il était sans doute nerveux, c'est humain, mais en tant que monarque il devrait apprendre à mettre ses émotions de côté, ce que la reine a toujours fait parfaitement», estime-t-elle.

«C'est difficile pour lui, parce qu'il y a cette tentation constante de le comparer à sa mère», «une reine plus que parfaite», explique Mme Rivière, jugeant les critiques «excessives» face à «l'épuisement» d'un homme venant de perdre sa mère. 

Pour Vernon Bogdanor, Charles doit continuer à montrer qu'il peut «représenter tout le pays». «Quelqu'un disait de feu la reine qu'elle comprenait l'âme du peuple britannique. Je pense qu'il a aussi ça en lui», ajoute-t-il.

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