En route vers le Super Bowl: des champions reformatés
Seulement cinq joueurs des Eagles étaient de l’équipe du Super Bowl il y a cinq ans


Stéphane Cadorette
PHILADELPHIE | En février 2018, les Eagles remportaient le premier Super Bowl de leur histoire. Les revoilà tout près du sommet de la montagne, après une purge qui a laissé seulement cinq joueurs de l’édition championne encore actifs dans l’alignement.
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Dans la NFL, la gloire peut revenir aussi vite qu’elle est partie. L’équipe qui recevra les 49ers dimanche à Philadelphie pour la finale de la conférence nationale affiche les mêmes traits que celle d’il y a cinq ans, mais avec de nouveaux visages.
Seuls le centre Jason Kelce, le bloqueur Lane Johnson, le plaqueur Fletcher Cox, l’ailier défensif Brandon Graham et le botteur Jake Elliott sont toujours à bord.
Après leur championnat, les Eagles ont vite réalisé qu’ils prenaient des rides. En 2019, leur moyenne d’âge était la deuxième plus élevée dans la ligue. Cette saison, ils misent sur le neuvième alignement le plus jeune.
« Tu ne peux pas miser seulement sur des vétérans, sinon l’énergie risque de manquer sur le terrain. Tu ne peux pas non plus avoir juste des jeunes, sinon cette énergie sera mal canalisée. Nous avons une belle profondeur dans notre alignement et c’est ce qui nous rend confiants », a mentionné le grand sage barbu Jason Kelce, lors de son point de presse, hier.
Un DG alerte
Chez les Eagles, l’architecte des changements profonds qui ont été opérés dans les dernières années est le directeur général Howie Roseman.
Il a remodelé la ligne à l’attaque (Landon Dickerson, Jordan Mailata), le champ arrière (Miles Sanders, Kenneth Gainwell) et la ligne défensive (Josh Sweat, Jordan Davis) avec de bons choix au repêchage.
Il a également été actif sur le marché des joueurs autonomes et des transactions en dépensant de manière intelligente.
Dans les derniers mois, ses coups fumants ont été nombreux, qu’il s’agisse du receveur A.J. Brown (11 touchés), du chasseur de quarts Haason Reddick (16 sacs), du demi de coin James Bradberry (17 passes rabattues) ou du maraudeur Chauncey Gardner-Johnson (6 interceptions).
Il a aussi maintenu ce qui est la marque de commerce des Eagles, soit la profondeur sur leur ligne défensive en greffant des vétérans comme Linval Joseph et Ndamukong Suh en cours de route.
« Howie a fait un bon travail pour amener des joueurs d’impact. Ici, il n’y a pas de partants et de réservistes. On parle plutôt de joueurs 1A et 1B. On sait qu’on peut tous compter les uns sur les autres », a résumé Fletcher Cox.
Noyau dur
N’empêche qu’en dépit de l’arrivée de tous ces nouveaux venus dans les dernières années, le noyau dur demeure. Les distingués membres de la ligue du vieux poêle servent plus que jamais de mentors.
« Je veux m’assurer que les plus jeunes, qui n’ont pas goûté à un match aussi important, élèvent leur jeu. J’apprécie mon rôle dans cette équipe et j’ai hâte d’avoir un gros impact dans ce match », a soulevé Brandon Graham.
Ce dernier, après avoir subi une déchirure du tendon d’Achille la saison dernière, a effectué un retour remarquable à 34 ans, avec 11 sacs du quart.
Kelce, à 35 ans, est une voix respectée dans le vestiaire, lui qui a fait son nid à Philadelphie en 2011. Cox a suivi en 2012 et Lane Johnson, un an plus tard.
« Dans la NFL, je n’ai jamais été avec une équipe aussi complète », s’est réjoui l’entraîneur-chef de deuxième année, Nick Sirianni.
« On m’a appris très jeune au football que ce qui compte plus que tout, c’est la ligne offensive et la ligne défensive. Ce sont ces gars qui gagnent des matchs. Nous savons que nous avons d’excellents joueurs sur les fronts et nous savons que c’est la même chose à San Francisco. C’est ce qui rendra cette finale de conférence spéciale. »
Brown se défend d’être une « diva »

À travers la NFL, les meilleurs receveurs de passes ont la fâcheuse manie de piquer des crises quand les choses ne tournent pas en leur faveur. Malgré son mécontentement évident dans la victoire des Eagles samedi dernier, A.J. Brown rejette l’étiquette de diva.
Brown, qui a été obtenu des Titans au dernier repêchage en retour de choix de première et troisième ronde, a largement répondu aux attentes des Eagles cette saison.
Il a bouclé sa première campagne à Philadelphie avec 88 réceptions, 1496 verges et 11 touchés. Il s’agit de sommets personnels pour l’ailier espacé qui n’a que 25 ans.
Brown produit à un rythme d’enfer, les Eagles gagnent et tout le monde file le parfait bonheur. Pourtant, avec un peu plus de cinq minutes à écouler et une avance écrasante de 24 points, les images d’un Brown décontenancé sur le banc avec l’entraîneur-chef, Nick Sirianni, qui tente de l’apaiser ont fait bien jaser.
Le receveur n’avait capté que trois passes pour 22 verges et malgré la victoire convaincante, il n’a pas caché qu’il était mécontent de son utilisation.
« S’ils me lancent le ballon 100 fois, je vais le vouloir 101 fois », a-t-il résumé aux médias dans la ville de l’amour fraternel.
Joueur d’impact
Que Brown veuille avoir le ballon, rien de plus normal. C’est le contexte qui étonne, sachant que les Eagles ont dominé et que le jeu au sol a fonctionné à plein régime.
Dans ce scénario, les Eagles ont martelé leurs rivaux de 44 courses, contre seulement 24 passes.
« Avoir le ballon, ça permet de rester dans le rythme. Bien sûr que je veux le ballon. Je suis un receveur et je peux changer le cours d’un match en un seul moment », a continué de plaider Brown, avec le sourire, à son casier.
Pas de bisbille
La semaine dernière, Stefon Diggs a fait des siennes à Buffalo en enguirlandant Josh Allen sur le banc. Le receveur n’en est qu’un parmi d’autres qui ont maintes fois explosé quand ils ne sont pas au cœur du plan de match. C’est devenu une habitude, mais Brown ne se voit pas de cette façon.
« Je peux faire mon travail si on me demande de bloquer, ce n’est pas un problème », a renchéri celui qui a d’ailleurs ouvert une brèche avec un superbe bloc sur le touché d’un autre receveur des Eagles, DeVonta Smith, samedi dernier.
« Je ne suis pas le genre de receveur qui va aller sur les lignes de côté et créer des problèmes. C’est ce que l’on pourrait décrire comme une diva, mais je ne suis pas ce genre de personne. »
Dans la ville de l’amour fraternel
DU GRAND ART...

Il était prévisible qu’un jour, Tom Brady soit immortalisé. La surprise, c’est qu’il le soit déjà dans les rues de Philadelphie. Sur Bainbridge Street, une immense œuvre murale fait référence à la victoire des Eagles contre les Patriots lors du Super Bowl il y a cinq ans, de manière plutôt originale. On y voit un aigle en envol qui saisit Brady entre ses griffes. Cet éclair de génie de l’artiste Meg Saliman, réalisé en 2018, attire les curieux depuis. Les bouillants partisans de Philadelphie sont souvent dépeints à tort comme des brutes. Tout le monde devrait pourtant savoir qu’ils sont hautement sensibles à la noblesse du grand art !
UNE PETITE SOIF

Si vous passez par Philadelphie et que la soif vous rattrape, un arrêt dans un petit bar consacré aux Eagles saura vous charmer. Le Tinsel, sur la 12e Rue, est habituellement décoré en mode Halloween ou Noël. Depuis le début des séries, les lieux sont devenus le Tinsel Takes Flight et prennent des airs de petit musée des Eagles avec plusieurs artéfacts du passé et des photos du présent. Pour la soif, il est possible de se rassasier avec un Philly Special, un Hurts so Good, en l’honneur du quart-arrière des Eagles, ou encore avec un Graham Sacker, pour célébrer l’ailier défensif du même nom. C’est vert longtemps, mais ça vaut le détour !
GO BIRDS !

Un touriste qui débarque à Philadelphie et qui n’est aucunement au courant que c’est la semaine de la finale de la conférence nationale réalisera vite que la ville n’en a que pour ses Eagles. Une promenade dans le secteur du magnifique hôtel de ville permet de le constater, avec les affiches « Go Birds ! », qui affluent partout. En soirée, quelques bâtiments historiques sont aussi éclairés en vert. L’hôtel de ville a été classé au 21e rang sur les 150 plus belles infrastructures de la liste de l’Institut américain des architectes et est devenu l’un des emblèmes de Philadelphie.