En pleine surdose, elle dit n’avoir reçu aucune aide après son appel au 911
Kevin Crane-Desmarais
Une jeune femme de 18 ans de Saint-Hubert, en Montérégie, affirme avoir appelé le 911 mercredi dernier pour signaler une surdose, mais explique que l’aide n’est jamais venue. Sa mère a retrouvé sa fille en arrêt cardiorespiratoire, deux heures plus tard.
Kim Dionne, qui consomme de la drogue depuis moins d’un an, a déjà fait face à des surdoses par le passé. La nuit du 26 février, elle a consommé de la méthadone, un médicament destiné au traitement du trouble lié à l’utilisation d’opioïdes. Elle a rapidement ressenti des difficultés respiratoires et reconnu les signes d’une surdose.
À 3h48, Kim a appelé le 911. Un appel de deux minutes, retrouvé sur son historique téléphonique, a été confirmé par TVA Nouvelles.
«J’ai appelé pour dénoncer mon dealer [de drogue] et expliquer que j’avais des symptômes de surdose. Ils m’ont assuré qu’ils enverraient de l’aide rapidement», raconte-t-elle.

Durant l’appel, Kim se sentait de plus en plus faible. Sa saturation en oxygène chutait et elle avait des symptômes de chaleur intense. «J'étais à moitié consciente et ils m’ont demandé de répéter souvent», ajoute-t-elle.
Malgré l’appel, aucune aide n’est arrivée. Deux heures plus tard, la mère de Kim s’est réveillée et a découvert sa fille en arrêt cardiorespiratoire dans sa chambre. Elle a immédiatement composé le 911, administré de la naloxone et entrepris un massage cardiaque.
Les policiers sont arrivés sur les lieux cinq minutes après l’appel, suivis des paramédicaux une minute plus tard. Des images de caméras de surveillance montrent les premiers répondants se précipitant vers la maison. Kim a été réanimée et transportée d'urgence à l'hôpital.

«On ne viendra pas à chaque fois»
Sa famille peine à comprendre l’absence d’intervention après le premier appel.
À l’hôpital, Kim a interrogé une policière à propos de ce manquement. «Pourquoi n'êtes-vous pas venus?» lui a-t-elle demandé.
«Parce que tu consommes régulièrement, on ne viendra pas à chaque fois. On pensait que tu cherchais de l’attention. Tu n’es pas la seule urgence, on a d’autres priorités», aurait répondu l’agente.
Le père de Kim, Jean-François Dionne, exprime son indignation: «Si la mère de ma fille ne s’était pas levée, ma fille serait morte. C’est inacceptable qu’elle ait failli mourir à cause d’un manque de compétence des policiers, des ambulanciers et de la centrale 911.»
TVA Nouvelles a contacté le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) ainsi que le service ambulancier CETAM pour obtenir des éclaircissements. Seuls les responsables de la CETAM ont réagi, assurant que l’incident était préoccupant.
«Nous pouvons vous confirmer qu'un seul appel qui a été reçu au 911 le 26 février à 5h02. Les paramédics ont reçu l'affectation à 5h03 et sont arrivés au chevet à 5:08. Le temps de réponse de cinq minutes est dans les normes. Les policiers étaient sur place à 5h07 et les paramédics à 5h08», écrit Renaud Pilon, relationniste média pour CETAM.

Selon le service ambulancier, aucun appel concernant cette adresse n’avait été reçu avant 5h02.
Le père de Kim exige des réponses du SPAL. «Il faut enquêter pour savoir pourquoi cet appel n’a pas été pris au sérieux. On ne parle pas d’un accrochage de voiture, c’est une jeune fille qui dit qu’elle a consommé, qu’elle a de la misère à respirer et il y a un historique au 911. Pourquoi ils ne l’ont pas pris au sérieux? Ça ne me tente pas d’enterrer ma fille», déclare-t-il.
Le SPAL confirme à TVA Nouvelles avoir reçu le premier appel de Kim Dionne à 3h48.
«Le répartiteur lui a même demandé si elle avait besoin d’une ambulance et cette dernière, très lucide dans ses propos à ce moment, a réitéré que non à deux reprises, qu’elle voulait simplement s’entretenir avec les policiers sur un sujet que nous ne pouvons dévoiler», mentionne-t-il.
«Le bon code de répartition est donc attribué selon nos protocoles en vigueur du code 5, soit aucun danger pour la vie ou la sécurité à ce moment. C’est la raison pourquoi aucun appel ne fut logé à Alerte Santé à ce moment», ajoute-t-il.
Le service de police indique que des vérifications seront effectuées concernant les propos qu’une policière aurait tenus selon les allégations de la victime.
Voyez le reportage complet dans la vidéo ci-dessus.