En furie contre Boeing : Bombardier «ne représente pas» l’industrie, dit Champagne
Le géant américain avait fortement ébranlé l’avionneur québécois il y a sept ans


Raphaël Pirro
Le ministre fédéral de l’Innovation François-Philippe Champagne affirme que Bombardier «ne représente pas nécessairement la voix de l’industrie» aérospatiale, après que le fleuron québécois a vertement critiqué l’accueil réservé par Québec et Ottawa à Boeing.
«La position de Bombardier, ça ne représente pas nécessairement la voix de l’industrie, parce qu’il y avait à peu près mille personnes hier, avec Aéro Montréal, qui accueillait Boeing», a affirmé le ministre en entrevue mercredi.
Bombardier voit rouge
Dans une déclaration au Journal, mardi, l’entreprise Bombardier s’est dite surprise «de voir les deux gouvernements si fortement prioriser et applaudir une multinationale étrangère qui bénéficie déjà d’importants contrats de son pays d’origine, en plus d’avoir très récemment mis à risque l’industrie aéronautique au Québec».
L’entreprise accuse les gouvernements d’avoir la mémoire courte : l’avionneur américain, en 2017, avait milité et obtenu de Washington l’imposition de tarifs douaniers de 300 % sur les avions C Series de Bombardier. La décision avait par la suite été infirmée, mais le mal avait été fait.
Ottawa et Québec voient vert
L’annonce de l’investissement de 240 M$ par l’avionneur américain a été faite en grande pompe à Montréal, mardi, en compagnie du premier ministre François Legault, son ministre Pierre Fitzgibbon, et le président de Boeing Global, Brendan Nelson.
Pour François-Philippe Champagne, qui était de la partie, il n’y a aucun doute que l’arrivée de Boeing est un plus pour l’industrie aérospatiale locale, comme en a fait foi l’événement de mardi, où se trouvait tout le gratin du milieu.
«Moi je pense que plus on amène de gens dans l’écosystème, plus on rend l’écosystème fort», a-t-il dit. L’arrivée de Boeing injectera dans la vigueur aux «près de 1000 entreprises» se trouvant dans «l’écosystème» québécois.
Une lutte pour les talents
Bombardier s’inquiète de la possibilité que la présence de Boeing dans la grappe industrielle québécoise puisse porter atteinte à ses efforts de recrutement dans un contexte où les entreprises s’arrachent les talents, qui se font rares.
«L’arrivée de nouveaux joueurs via un soutien direct ou indirect risque de créer de nouvelles pressions sur les entreprises québécoises», a poursuivi Bombardier dans sa déclaration.
Pour M. Champagne, «ce qu’ils ont exprimé, ça ne fait certainement pas consensus au sein de la communauté aérospatiale à Montréal».
L’arrivée de Boeing, «ça nous donne un levier industriel pour favoriser les PME de chez nous. [...] Je ne pense pas qu’il faut prendre la voix d’une compagnie. Il y avait des centaines de compagnies qui étaient là.»
Le financement de Boeing aidera principalement à la création d’un centre de recherche et d’innovation qui se situera dans la zone d’innovation en aérospatiale qui prendra pied à Longueuil (Saint-Hubert), Montréal (Saint-Laurent) et Mirabel.
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