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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Le ministère de François Legault, tout comme Geneviève Guilbault, savait que les coûts de SAAQclic doubleraient

Le contrat pour SAAQclic est passé de 458 M$ à 800 M$ entre 2022 et 2024

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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2025-08-29T12:59:11Z
2025-08-29T17:59:58Z
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Geneviève Guilbault et le ministère du premier ministre François Legault étaient bien informés, dès 2024, que l’enveloppe budgétaire liée au projet SAAQclic passerait de 458 millions à près de 800 millions, en excluant les travaux de gestion de crise après le déploiement chaotique du système.

• À lire aussi: Commission Gallant: le ministère du premier ministre informé de l’explosion des coûts du projet SAAQclic en 2023

Sous serment, l’ex-PDG de la SAAQ, Éric Ducharme, a confirmé que le cabinet de Geneviève Guilbault ainsi que la secrétaire générale du gouvernement, Dominique Savoie, avaient reçu un portrait clair et détaillé de la situation financière entourant le fiasco SAAQclic. À l’heure actuelle, la SAAQ a déjà dépensé 800 millions $ dans le projet, a estimé l’ex-PDG. 

Les courriels et documents déposés devant la commission Gallant viennent appuyer les affirmations de l’ancien dirigeant.

Rappelons que le contrat initial du projet SAAQclic s’élevait à 458 millions $ jusqu’en 2027, incluant les frais d’entretien. Éric Ducharme a illustré la situation en comparant le projet à un «véhicule» neuf auquel il fallait encore «mettre de l’essence, changer les freins, acheter des pneus».

Lors de sa nomination à la tête de la SAAQ en mars 2023, les fonds étaient déjà épuisés. La société avait puisé dans l’enveloppe prévue pour l’entretien afin de compléter une partie du projet, et avait même accordé à l’Alliance un premier extra de 45 millions $. Rapidement, cette nouvelle enveloppe s’est vidée, et la SAAQ, avec l’accord du cabinet de la ministre Guilbault, a dû ajouter un second extra de 70 millions $. 

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«Cet avenant n’est pas associé aux travaux de gestion de crise», précisent les documents présentés à la commission. Une surconsommation des services professionnels a mené à l’épuisement de cette somme dès juin 2024, nécessitant un troisième avenant de 35 millions$.

Pour compléter l’année 2024 et poursuivre le développement de SAAQclic, le contrat grimpera à plus de 612 millions $. À chaque étape, le cabinet de la ministre Guilbault et la secrétaire générale du gouvernement ont été informés. D’ici 2029, les contrats pour SAAQclic atteindront plus de 800 millions $ en raison de l’ajout de nouveaux contrats. 

Encore une fois, Mme Guilbault et le ministère du premier ministre connaissaient cette information en 2024.  

La ministre Guilbault a toujours plaidé avoir appris l’explosion des coûts dans le rapport du VGQ rendu public en février dernier.

LeBel informée du report

La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, elle, a été informée dès 2020 que le projet SAAQclic ne livrerait pas d’économies pour l’État comme prévu, en raison d’un report majeur. Elle a toutefois plaidé, lors de son témoignage, que les pleins pouvoirs de surveillance relevaient de son collègue responsable du numérique, Éric Caire.

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Le projet CASA/SAAQclic visait à générer des économies à terme. Or, à son arrivée en poste, le projet affichait déjà un indicateur au rouge.

Elle a affirmé ne pas connaître les coûts du projet ni les économies attendues.

La ministre a indiqué avoir eu peu d’interactions avec Éric Caire: seulement quatre à six rencontres ont eu lieu entre les deux ministres, jusqu’à la création du ministère de la Cybersécurité et du Numérique.

Tout au long de son témoignage très technique, la présidente du Conseil du trésor s’est dédouanée du fiasco, tout en se défendant d’avoir été «passive».

Ducharme remercié

Éric Ducharme a terminé son témoignage vendredi après-midi devant la commission Gallant. Montrant des signes d’émotion, il est brièvement revenu sur son congédiement à la tête de la SAAQ en juillet dernier.

«Je ne pouvais pas en faire plus», a-t-il affirmé. Selon lui, il avait réussi à sortir la société des bas-fonds. Pour la première fois depuis le fiasco, il avait confiance de pouvoir présenter des états financiers complets pour l’année 2025. «On m’a dit que la pression était trop forte, et que c’était rendu à mon tour de laisser ma place.»

Interrogé par la procureure Mélanie Tremblay sur la lettre dans laquelle Geneviève Guilbault demandait son départ au premier ministre, Éric Ducharme a refusé de commenter.

L’ex-PDG s’est également dit «blessé» par les propos d’une vérificatrice interne qui l’accusait de préférer étouffer les alertes internes et maquiller le fiasco SAAQclic.

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