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L'article provient de TVA Nouvelles

Un seuil «sécuritaire et rigoureux» de 15 ng/m3 pour les émissions d'arsenic

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TVA Nouvelles, Félix Lacerte-Gauthier | Agence QMI

2022-08-10T17:51:28Z
2022-08-10T19:36:56Z
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La Fonderie Horne risque de devoir limiter considérablement ses émissions d'arsenic à la suite d'un avis de la santé publique dévoilé mercredi, a confirmé le ministre de l'Environnement sans s'avancer sur le nouveau seuil qui sera exigé.

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«La Fonderie doit se conformer à ce qui sera exigé pour ne pas compromettre la santé de la population», a déclaré mercredi le ministre de l’Environnement Benoit Charette, à sa sortie du conseil des ministres, en précisant qu’il n’avait pas encore eu le temps de prendre connaissance de l’avis de la Santé publique dans le détail.

Celle-ci recommande un seuil de transition qui permettrait à la Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda, de rejeter 15 nanogrammes d’arsenic par mètre cube dans l’air (ng/m3), un chiffre qui demeure toutefois cinq fois plus élevé que la norme québécoise. Présentement, l’entreprise dispose d’un droit acquis qui lui permet d’émettre jusqu’à 100 ng/m3 par année.

«Si c’est une demande de la santé publique, vous comprendrez avec la logique de ne pas compromettre la santé des gens que ce sera une valeur de référence de notre côté», a assuré Benoît Charette, qui n’a néanmoins pas voulu confirmer que la norme fixée dans le nouveau certificat sera de 15 ng/m3.

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L’ajout d’une norme quotidienne, de cibles intérimaires et de capteurs mesurant la qualité de l’air sont d’autres éléments qui seront «vraisemblablement formalisés» dans la prochaine attestation gouvernementale, a ajouté le ministre, qui n’exclut toujours pas le scénario de la fermeture de l’usine, si celle-ci ne se conforme pas aux exigences du gouvernement.

Norme temporaire

Le seuil de 15 ng/m3 mis de l’avant par la Santé publique est en fait une «norme temporaire» que l’Institut national de Santé publique du Québec (INSPQ) propose de mettre en pratique «le plus rapidement possible», jusqu’à ce que la Fonderie puisse atteindre la norme québécoise actuelle fixée à 3 ng/m3.

«C’est un seuil rigoureux, sérieux, protecteur et nous sommes très confiants de le soumettre ici, dans une route qui doit aller vers le trois. À ce niveau-là, on aura la protection attendue, souhaitée et requise pour l’ensemble de la population», a souligné le Dr Luc Boileau, directeur national de santé publique du Québec, en point de presse mercredi. Il a également reconnu que la situation actuelle n’est «pas acceptable».

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Glencore réagit

Dans une déclaration écrite, la direction de la Fonderie Horne s’est dite mercredi «sensible» aux préoccupations des citoyens de Rouyn-Noranda, et «plus que jamais déterminée à minimiser [...] l’empreinte gouvernementale» de l’entreprise.

Elle travaillerait actuellement sur un projet de «transformation majeure» qui permettrait à la Fonderie d’être plus efficiente. Glencore prévoit également dévoiler dans les prochains jours un plan d’action complet pour répondre aux préoccupations soulevées jusqu’ici.

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Cancer

La limite temporaire de 15 ng/m3 permettrait de diminuer de quatre fois les probabilités de développer un cancer du poumon dans la région, pour un risque de 3 cas par 100 000 personnes sur une exposition de 70 ans.

«C’est une première étape à atteindre. L’atteinte de la norme, qui est située à 3 ng/m3 constitue toujours l’objectif pour nous. On s’attend que ces niveaux que nous proposons soient pris en compte dans la poursuite des démarches que le gouvernement mène auprès de la Fonderie», a insisté le Dr Boileau.

Le risque actuel est de 12,3 cas par 100 000 personnes, alors qu’il serait de 2 sur 100 000 avec la norme de 3 ng/m3.

Cette limite permettrait aussi de protéger les enfants des effets néfastes sur le développement, alors qu’une trop forte concentration d’arsenic peut leur causer une diminution d’un point du quotient intellectuel lors de leur développement en bas âge.

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Pas d’échéancier

Aucun échéancier n’est cependant fixé pour l’atteinte de ce plafond temporaire ni pour l’atteinte de la norme nationale, la Santé publique se contentant d’indiquer que ces cibles devraient être respectées «le plus rapidement possible».

«Sincèrement, nous ne le savons pas. Nous croyons, avec les échanges auxquels nous sommes exposés entre le gouvernement et l’entreprise, que des efforts substantiels, très onéreux et très complexes doivent être mis de l’avant pour réduire ça avec étapisme», a admis le Dr Boileau.

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Il s’est néanmoins dit «confiant» que ça pourra se faire dans des temps «hâtifs», tout en reconnaissant que la situation ne pourra changer en seulement quelques semaines ou quelques mois.

Dans un document obtenu par Radio-Canada en juillet dernier, l’entreprise avait toutefois indiqué que d’ici 2027, elle pourrait atteindre au mieux un plafond de 20 ng/m3, en tenant compte de ses capacités technologiques et financières.

L’INSPQ n’a pas tenu compte des capacités de l’entreprise, proposant plutôt son seuil en vertu des effets sur la santé de la population, afin de la protéger.

«Nous ne sommes pas des métallurgistes ou des ingénieurs. Nous reconnaissons qu’il y a des enjeux importants, et nous comprenons que des efforts sont menés par le gouvernement pour s’assurer que tout ce qui peut être fait sera fait», a indiqué le Dr Boileau.

Pour rappel, en juin dernier, Radio-Canada révélait qu’en 2019 le Dr Horacio Arruda, qui était alors directeur national de santé publique, avait empêché la diffusion de données sur le cancer du poumon, dont les risques seraient plus élevés à Rouyn-Noranda. La Fonderie Horne est largement tenue pour être responsable de cette situation.

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