En détention avec son bébé: une chauffarde récidiviste peut purger le reste de sa peine à la maison
Elle avait tué un aspirant policier alors qu’elle conduisait avec les capacités affaiblies par l’alcool en 2018


Valérie Gonthier
Une chauffarde qui a tué un aspirant policier en conduisant ivre et qui a dû accoucher en prison pourra bénéficier d’un répit et retourner chez elle, où elle purgera le reste de sa peine.
«Je ne suis pas en accord avec mes gestes, j’ai des regrets sincères et c’est une épreuve difficile pour moi, mes proches, mes enfants. J’ai une grosse pensée pour les victimes, leurs proches. Étant maman aujourd’hui, je n’ose même pas imaginer c’est quoi, perdre un enfant», a avoué Audrey Perrotte.
Elle s’est récemment adressée à la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) afin d’être libérée du pénitencier où elle réside depuis 10 mois.
En mai dernier, elle a écopé d’une peine de quatre ans de détention pour avoir tué un aspirant policier après une soirée arrosée à deux jours de Noël, en 2018.
Perrotte revenait alors d’une soirée festive lorsqu’elle a bifurqué de sa voie dans une courbe et a happé de plein fouet un véhicule en sens inverse, à Mirabel.
L’autre conducteur, Julien Lachance, est décédé sur le coup.

Ironie: le jeune homme de 21 ans agissait comme chauffeur désigné au moment de l’impact, survenu au petit matin.
Accoucher détenue
Il était allé chercher sa copine, qui croyait avoir trop bu. Cette dernière, qui se trouvait dans le véhicule, a survécu.
Julien Lachance aspirait à devenir policier, comme son père.

Au terme de longues procédures judiciaires, Audrey Perrotte avait échoué à démontrer son innocence.
Elle était enceinte de quatre mois lorsqu’elle a été envoyée au pénitencier.

Ainsi, elle était toujours détenue lorsqu’elle a accouché en novembre dernier. Et c’est derrière les barreaux que son bébé a passé ses premiers mois de vie.
«Je suis dans l’unité mère-enfant, je suis 24 heures sur 24 avec mon bébé. Je n’ai pas ma famille avec moi, ce n’est pas évident», a-t-elle concédé lors d’une récente audience devant la CLCC.
Elle est maintenant admissible à une semi-liberté, qui se déroule généralement dans une maison de transition. Mais elle demandait plutôt de pouvoir retourner chez elle afin de vivre une vie de famille normale.
«J’aimerais être avec mon conjoint, ma famille. Surtout avec un bébé de 4 mois et demi qui n’a pas fait son lien avec papa ni avec son frère», a-t-elle dit, ajoutant que ses proches ont pu la visiter en détention chaque semaine.
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Une récidiviste
Lors de l’audience, la détenue a été pressée de questions quant à son risque de récidive.
En effet, Perrotte est une récidiviste de l’alcool au volant. Après une première condamnation en 2013, elle avait même participé à un programme sur les conséquences de la conduite en état d’ébriété.
Cela ne l’a pas empêchée de reprendre le volant ivre, commettant cette fois l’irréparable.

Mais la mère a assuré que, depuis le drame, elle est sobre.
Elle a aussi beaucoup travaillé sur elle-même derrière les barreaux, notamment pour comprendre comment elle en est venue à prendre de si mauvaises décisions.
Audrey Perrotte s’est par contre vu refuser sa libération conditionnelle totale pour l’instant, afin qu’on puisse évaluer comment se déroule son retour dans la collectivité.
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