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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Emprunter pour investir dans son REER?

À part quelques exceptions, ce n’est pas une stratégie que recommande un planificateur financier

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Emmanuelle Gril

2023-02-04T05:00:00Z
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Si vous manquez de liquidités pour cotiser à votre REER, vous pourriez être tenté de contracter un prêt auprès de votre institution financière afin de pouvoir contribuer avant la date butoir. Est-ce la meilleure option ?

Popularisé par de nombreuses institutions financières, le prêt REER consiste à contracter un prêt à terme et à utiliser ce montant pour cotiser à son REER. 

Le remboursement d’impôt obtenu grâce à cette cotisation compense en partie le coût en intérêts de ce prêt. Le remboursement d’impôt peut également être utilisé pour payer une portion du solde de cet emprunt, ce qui est avantageux.

Ce n’est pourtant pas une stratégie que recommande le planificateur financier André Lacasse à ses clients, hormis quelques rares exceptions.

Le virement automatique, mieux

André Lacasse souligne que les cotisations régulières par virements automatiques, par exemple à chaque période de paie, sont de loin l’option la plus profitable. 

« De cette façon, on n’a pas à payer d’intérêts sur le prêt REER et on bénéficie aussi de l’achat au coût moyen », explique-t-il. Cela signifie qu’en cotisant sur plusieurs mois au lieu d’effectuer une contribution unique, on déjoue la volatilité des marchés. En effet, les rendements sur les placements peuvent évoluer tout au long de l’année en raison des variations de la Bourse. En contribuant à son REER sur une base mensuelle, on réduit l’incidence de ce facteur puisqu’on achète dès lors à un coût moyen, ce qui à long terme peut faire toute une différence.

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Par ailleurs, les virements automatiques réguliers permettent d’accumuler une coquette somme à la fin de l’année, sans que cela fasse trop mal à votre budget, ni avoir à payer quelques centaines de dollars en frais d’intérêt.

« Les finances sont une source d’inquiétude pour la plupart des gens, et contracter un prêt est un stress supplémentaire. Et quand on arrive au mois de février, on panique, car la date butoir pour contribuer approche dangereusement. Aucun de mes clients ne subit ce type de stress, car ils cotisent régulièrement sur une base mensuelle », dit-il.

Mais, il y a des exceptions

Il y a toutefois des exceptions qui confirment la règle. 

Si vous envisagez d’acheter une propriété et que vous êtes admissible au Régime d’accession à la propriété (RAP), un prêt REER pourrait constituer une option intéressante si vous manquez de liquidités. 

Rappelons que le RAP est un programme grâce auquel on peut retirer une partie de ses REER sans retenues d’impôt pour acheter ou construire une habitation, sous certaines conditions. Actuellement, le plafond des retraits est de 35 000 $, remboursables par la suite sur 15 ans.

Dans ce contexte, une personne qui manque de fonds pourrait contracter un prêt temporaire de trois mois afin de garnir ses REER. 

Attention : pour pouvoir être utilisée dans le cadre du RAP, la somme devra avoir été cotisée au moins 90 jours avant son retrait. 

« Au moment du terme, l’emprunteur retirera la somme de ses REER et l’utilisera pour rembourser son prêt. Du même coup, il bénéficiera aussi d’une cotisation de 35 000 $ qui réduira ses revenus imposables et donc la facture fiscale. Il pourra bénéficier d’un remboursement d’impôt dont il se servira alors pour sa mise de fonds pour acheter sa propriété », conseille André Lacasse.

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Autre exception : les travailleurs autonomes qui attendent une importante entrée d’argent dans les semaines suivant la date limite de cotisation au Régime enregistré d’épargne-retraite. 

« Un prêt temporaire aidera à faire le pont entre les deux. Une fois le montant reçu, le travailleur autonome sera alors en mesure de rembourser son prêt REER », indique le planificateur financier. 

Dans ces deux cas, le prêt REER peut constituer une option intéressante. 

UN EXEMPLE CONCRET

Votre revenu est de 65 000 $ et vous avez cotisé 2000 $ à votre REER cette année. 

Si vous empruntez 1180 $ supplémentaires et que vous les ajoutez à votre cotisation REER initiale pour un total de 3180 $, dans ce cas vous pourriez recevoir un remboursement d’impôt d’environ 1140 $.

Ce remboursement vous permettra de rembourser la presque totalité de votre prêt REER, excluant les intérêts.

Si le taux d’intérêt est de 6,5 % et que la durée du prêt est d’un an, le montant de l’emprunt (capital et intérêts) est de 1221,96 $, soit des remboursements mensuels de 101,83 $.

Attention : qu’ils soient fixes ou variables, les taux d’intérêt sont relativement élevés actuellement (environ 6,5 à 8 % sur un an). La plupart des institutions financières offrent l’option de reporter le premier paiement après un délai de grâce de trois mois ou plus. Les intérêts commencent à courir dès la date de l’emprunt. 

REER et CELI : des cotisations en hausse constante

La cotisation annuelle moyenne des Québécois à leur Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) est passée de 6650 $ en 2017 à 8880 $ en 2021. 

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Il s’agit d’une hausse de cotisation annuelle de 32,33 % en cinq ans.

Plus de 10 000 $ en CELI

Les cotisations des Québécois à leur compte d’épargne libre d’impôt (CELI) ont aussi connu une majoration annuelle marquée depuis cinq ans, y compris durant les années pandémiques de 2020 et 2021.

Le montant moyen de leurs cotisations annuelles est ainsi passé de 7740 $ en 2017 à 10 220 $ en 2021, une hausse de 32 %.

Des contributions records

On parle pour 2021 d’un total de 40 milliards de dollars de contribution dans leurs REER et CELI.

16,5 milliards (G$) en REER en 2021, en hausse de 12,5 % par rapport aux 14,7 G$ de REER de 2020.

De même manière, 23,5 milliards $ furent déposés par des Québécois dans un CELI en 2021, une progression de 20,05 % par rapport aux 19,63 G$ de 2020. 

MONTANT MOYEN DES COTISATIONS À UN REER, PAR ANNÉE D’IMPOSITION

Québec

2017 6650 $

2018 6850 $

2019 7190 $

2020 8080 $

2021 8880 $

Source : Agence du revenu du Canada 

MONTANT MOYEN DES COTISATIONS À UN CELI, PAR ANNÉE D’IMPOSITION

Québec

2017 7740 $

2018 8050 $

2019 8440 $

2020 9300 $

2021 10 220 $

Source : Agence du revenu du Canada

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