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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Empêchée de devenir membre de l'ONU, la Palestine reçoit un soutien symbolique à l'Assemblée générale

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AFP

2024-05-10T07:25:13Z
2024-05-10T18:18:57Z
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Provoquant la colère d'Israël, une majorité écrasante de l'Assemblée générale de l'ONU a jugé vendredi que les Palestiniens mériteraient d'être membres à part entière de l'organisation, leur octroyant quelques droits supplémentaires à défaut d'une véritable adhésion, bloquée par les États-Unis.

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«Je me suis tenu des centaines de fois à cette tribune, souvent dans des circonstances tragiques, mais aucune comparable à ce que mon peuple vit aujourd'hui», a lancé l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour.

«Je me suis tenu des centaines de fois à cette tribune, mais jamais pour un vote plus important qu'aujourd'hui, historique», a-t-il ajouté, la voix serrée par l'émotion, tandis qu'à Ramallah, l'Autorité palestinienne saluait un vote qui prouve que «la Palestine (...) mérite» d'être membre à part entière.

Cette résolution «aura un impact important sur l'avenir du peuple palestinien», même si en elle-même, elle «ne rend pas justice à l'État de Palestine» qui reste observateur, a ajouté l'ambassadeur des Émirats arabes unis Mohamed Issa Abushahab, au nom des pays arabes.

«Il est temps de se mobiliser pour une solution politique», a de son côté plaidé l'ambassadeur français Nicolas de Rivière, qui a voté pour cette résolution comme il l'avait fait au Conseil de sécurité pour l'adhésion pleine et entière.

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Face à la guerre à Gaza, les Palestiniens, qui ont depuis 2012 un statut «d'État non membre observateur», avaient relancé début avril leur requête de 2011 réclamant de devenir un État membre à part entière des Nations unies.

«Droits et privilèges»

Pour aboutir, une telle initiative nécessite, avant un vote de l'Assemblée générale, une recommandation positive du Conseil de sécurité. Mais les États-Unis y ont mis leur veto le 18 avril.

Même si l'Assemblée générale ne peut court-circuiter le Conseil, les Palestiniens ont décidé de se tourner vers ses 193 États membres, prouvant ainsi que sans le veto américain, ils auraient la majorité des deux-tiers nécessaire pour valider une adhésion.

La résolution présentée par les Émirats arabes unies a ainsi été adoptée par 143 voix pour, 9 contre (États-Unis, Israël, Hongrie, République tchèque, Argentine, Palaos, Nauru, Micronésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée) et 25 abstentions (notamment Canada, Royaume-Uni et de nombreux membres d'une Union européenne divisée, comme l'Allemagne et l'Italie).

Elle «constate que l'État de Palestine remplit les conditions requises pour devenir membre» de l'ONU, et «devrait donc être admis à l'Organisation». Elle demande ainsi que le Conseil de sécurité «réexamine favorablement la question».

Mais les États-Unis, qui s'opposent à toute reconnaissance en dehors d'un accord bilatéral entre les Palestiniens et leur allié israélien, ont prévenu vendredi que si la question retournait au Conseil, il y aurait «un résultat similaire à avril».

Dans cette perspective, le texte octroie sans attendre «à titre exceptionnel et sans que cela constitue un précédent», une série de «droits et privilèges supplémentaires» aux Palestiniens à partir de la 79e session de l'Assemblée en septembre.

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«Non productif»

Excluant sans ambiguïté le droit de voter et d'être membre du Conseil de sécurité, cette résolution leur permettra par exemple de soumettre directement des propositions et des amendements, sans passer par un pays tiers, ou encore de siéger parmi les États membres par ordre alphabétique.

Même si ces mesures sont largement symboliques, Israël, dont le gouvernement rejette la solution à deux États, a fustigé la résolution.

«Le message que l'ONU envoie à une région emplie de douleur est: la violence paie», a dénoncé sur X le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz.

«Cela me rend malade», a déclaré de son côté l'ambassadeur israélien Gilad Erdan à la tribune de l'ONU. «Avec ce nouveau précédent, nous pourrions voir ici des représentants de Daech ou Boko Haram siéger parmi nous».

«Vous réduisez la Charte en lambeaux, honte à vous!», a-t-il lancé, joignant le geste à la parole en passant le texte de la charte de l'ONU dans une déchiqueteuse.

Les États-Unis ont largement exprimé leurs réserves sur le texte que leur ambassadeur adjoint à l'ONU Robert Wood a qualifié de «non productif».

«Des mesures unilatérales à l'ONU et sur le terrain» ne permettront pas d'avancer vers une paix durable et une solution à deux États, a-t-il estimé, assurant toutefois que le vote américain contre le texte «ne signifie pas une opposition à un État palestinien».

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