Émergence, chute et renaissance de Pierre Poilievre?


Mathieu Bock-Côté
Il y a quelques mois à peine, il semblait aller de soi que Pierre Poilievre serait le prochain premier ministre du Canada.
Les médias se méfiaient de lui, mais il avait décidé de les contourner.
Ce n’était pas une stratégie sotte: les partis conservateurs et populistes, en Occident, de plus en plus, ne font plus semblant d’évoluer dans un environnement médiatique neutre.
Les médias d’État leur sont souvent ouvertement hostiles, d’ailleurs. Les partis progressistes les considèrent comme leurs alliés, comme le confirme, quoi qu’on en dise, la promesse de Mark Carney de fournir 150 millions de dollars supplémentaires à la radiotélévision fédérale.
Populisme
Poilievre allait directement vers les électeurs.
De temps en temps, il défiait les médias ouvertement.
On se souvient tous de l’épisode où il mangeait sa pomme devant un interrogateur de mauvaise foi. Plusieurs apprécièrent.
Poilievre, autrement dit, se présentait comme un candidat anti-establishment.
C’était aussi visible dans sa critique de la technocratie mondialiste de Davos.
Il entendait répondre aux besoins des classes moyennes saignées par les taxes et les impôts.
Il contestait même l’hégémonie woke et l’immigration massive ou, du moins, ses excès, ce qui ne va pas de soi au Canada anglais.
Tout cela pour dire que Pierre Poilievre n’était pas un mauvais candidat. Si les présentes élections fédérales n’avaient pas été détournées de son sens par la rhétorique annexionniste de Donald Trump, il serait au seuil d’un triomphe électoral.
Mais voilà, le Parti libéral du Canada a su s’emparer des élections pour les transformer en référendum sur la souveraineté du Canada, auquel les Canadiens sont invités à voter Oui en l’appuyant.
L’imposition de Mark Carney comme premier ministre relève à bien des égards du coup de force antidémocratique. Que ce coup de force ne soit jamais nommé comme tel confirme la réussite de la manœuvre.
Le PLC, rappelons-le, n’est pas un parti comme les autres, mais l’expression politique de la technostructure fédérale. Il exerce une véritable hégémonie sur les élites canadiennes.
Le PLC se voit un peu comme le seul parti légitime du Canada. Un autre parti, de temps en temps, peut gagner une élection, mais à condition de ne jamais remettre en question l’idéologie libérale dominante.
Dans ce nouveau contexte, Poilievre a été d’un coup désavantagé.
Ses qualités passent désormais pour des défauts. Parce qu’il tient tête à l’establishment canadien, on le dit divisif.
Chez les conservateurs qui ne l’étaient que de nom, on en profite pour faire son procès. Les tirs amis se multiplient.
Débats
Et pourtant, la campagne n’est pas terminée.
Que donneront les débats?
L’affrontement entre le technocrate Carney et le politicien Poilievre pourrait tourner à l’avantage du second. Car sorti de son environnement protégé, Carney multiplie les gaffes, alors que Poilievre sait que la politique est un combat. Tout n’est pas joué.
Le Canada et le Québec peuvent-ils vraiment subir un autre mandat des ruineurs immigrationnistes du PLC?