Elon Musk, repoussoir ou aimant pour les clients de Tesla?

AFP
Les prises de position d’Elon Musk aux côtés de Donald Trump font «peur» à des acheteurs de Tesla en Europe, et des appels au boycottage ont été lancés. Mais il reste difficile d’évaluer à quel point le milliardaire effraie les potentiels clients.
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En Allemagne comme en France, les ventes du pionnier de l’électrique ont été divisées par deux sur un an au mois de janvier 2025.
Des propriétaires de Tesla font aussi part de leur irritation.
À Francfort, en Allemagne, Enrico Parano, cadre bancaire de 60 ans, reconnaît que «bien que la voiture soit très bonne», il réfléchirait «aujourd’hui très attentivement avant de l’acheter en raison du comportement de Musk». Il envisage de vendre ses actions Tesla.
«Contribuer à donner du fric à ce type fait peur», a témoigné auprès de l’AFP Adriaan, un jeune médecin français qui a acheté une Tesla d’occasion. Il craint cependant qu’on n’aille vers «une catastrophe [climatique] encore pire que l’accession au pouvoir de l’autre fou [Donald Trump]» si l’on freine sur l’électrification des voitures.
«Boycott»
Elon Musk était habitué aux gros titres, mais il divise l’opinion depuis son rapprochement avec Donald Trump, entre ses attaques contre les politiques de diversité et son soutien à l’extrême droite européenne.
Les critiques se sont notamment multipliées en Allemagne, depuis qu’Elon Musk a affiché un large soutien au parti d’extrême droite AfD.
À l’arrière des Tesla sont apparus des autocollants «I bought this before Elon went crazy» (Je l’ai achetée avant qu’Elon ne devienne fou) comme aux États-Unis.
Fin janvier, des activistes ont projeté sur la gigantesque usine Tesla de Berlin pour le dénoncer le salut polémique effectué par Elon Musk lors d’une réunion, interprété par certains comme un salut nazi.
«Personne ne veut être associé au comportement de Musk», explique à l’AFP Ferdinand Dudenhöffer, expert du secteur automobile en Allemagne. Or, la marque et son patron sont «presque indissociables», ajoute-t-il.
Selon un autre expert allemand, Matthias Schmidt, «l’Allemagne reste très sensible à son histoire, et ce discours politique de Musk est potentiellement toxique, étant donné que les consommateurs de Tesla sont en partie motivés par des préoccupations écologiques».
Aux Pays-Bas, un concessionnaire Tesla a été couvert de graffitis de croix gammées début février, a rapporté le média Dutch News.
En Pologne, le soutien d’Elon Musk à l’AfD et ses commentaires sur l’histoire allemande («les enfants ne devraient pas être coupables pour les péchés de leurs... grands-parents») ont poussé le ministre du Tourisme Slawomir Nitras à dire qu’il était «nécessaire de répondre fermement [à Musk], par exemple avec un boycottage».
Des fans trentenaires
S’il y avait un boycottage, il resterait cependant difficile à mesurer: Tesla est déjà freinée en Europe par différentes difficultés.
Pionnière de la voiture électrique, la marque affronte désormais une avalanche de modèles concurrents sur un marché ralenti.
Par ailleurs, la gamme de Tesla est vieillissante et pourrait bénéficier d’un coup de fouet dans les prochains mois avec le renouvellement de son VUS vedette, le Model Y, selon Matthias Schmidt. Contacté, le constructeur n’a pas souhaité commenter la situation.
Au niveau mondial cependant, les ventes de Tesla sont restées stables pendant l’année 2024, et son action est au plus haut en Bourse depuis l’élection de Donald Trump.
«Tesla, c’est aujourd’hui les deux faces d’une même pièce», analyse Ieva Englund, de l’institut suédois Novus, qui a réalisé un sondage en ligne fin janvier.
«La moitié de la population [suédoise] est positive ou neutre [envers la marque] et admire l’innovation et le travail environnemental de Tesla», a-t-elle commenté dans un communiqué. Mais le blocage de la situation sociale de salariés suédois de Tesla, en grève, et les actions d’Elon Musk «font voir rouge à tous les autres».
L’experte de Novus note cependant que les hommes âgés de 35 à 49 ans, qui «peuvent être considérés comme le principal groupe cible de Tesla», restent «relativement positifs» à l’égard de la marque.