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L'article provient de Le Journal de Québec
Justice et faits divers

Brûlée vive par son ex-conjoint, elle attendait «l’ange de la mort»

La victime raconte son enfer au procès de l’accusé

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Photo portrait de Kathleen Frenette

Kathleen Frenette

2021-11-09T18:11:28Z
2021-11-10T03:42:04Z
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Alors qu’elle était au sol, qu’elle brûlait vive et qu’elle « attendait que l’ange de la mort vienne la chercher » sous les yeux horrifiés de sa fille, une femme de Québec transformée en torche humaine par son ex-conjoint a trouvé le courage de se relever. 

C’est le témoignage bouleversant qu’a livré Wiem Haj Amor, qui aurait pu mourir et faire tristement partie des chiffres qui gonflent les statistiques des féminicides.

Lors d’une entrevue au Journal en août 2020, soit un an après le crime, Wiem Haj Amor avait montré des marques de brûlures infligées par son ex-conjoint Frej Haj Messaoud.
Lors d’une entrevue au Journal en août 2020, soit un an après le crime, Wiem Haj Amor avait montré des marques de brûlures infligées par son ex-conjoint Frej Haj Messaoud. Photo d’archives

« C’est comme si Dieu m’avait donné la force », a témoigné la survivante dans le cadre de la preuve sur sentence de Frej Haj Messaoud, mardi, au palais de justice de Québec.

La semaine dernière, l’homme de 41 ans a plaidé coupable à une accusation de tentative de meurtre.

S’il refusait, au départ, de reconnaître les facteurs aggravants en lien avec les infractions, il a décidé de les admettre à la suite du témoignage de son ancienne conjointe. 

Mardi, pendant de longues heures, cette dernière a raconté un récit à glacer le sang, une histoire d’amour obligé qui a rapidement tourné au cauchemar. 

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Le portrait qu’elle a fait de celui avec qui elle a « signé un contrat de mariage deux semaines après l’avoir rencontré » en 2011 en Tunisie, alors qu’elle avait 20 ans, est celui d’un homme contrôlant monétairement, physiquement et psychologiquement.

Du liquide versé sur sa tête

À l’été 2019, le couple est séparé depuis un moment déjà et Wiem Haj Amor a rencontré un collègue avec qui elle a passé un peu de temps.

Incapable d’accepter la situation, Frej Haj Messaoud s’est mis à épier sa victime jusqu’au jour où la jeune femme, qui sortait des emplettes de sa voiture sur la rue Arago, dans le quartier Saint-Sauveur, a senti une main sur sa bouche puis « du liquide se verser sur sa tête ». 

« Quand il a mis le feu, je tenais sa main. J’ai demandé pardon, puis j’ai lâché sa main, parce que je me suis dit, si je brûle et que je le tiens, il va brûler avec moi. Je lui criais : “Aide-moi ! aide-moi !”, mais il s’est sauvé », a raconté la survivante en retenant difficilement les gros sanglots qui secouaient ses frêles épaules. 

« Ma fille a tout vu. À l’hôpital, mon fils avait peur de moi. Ils font des cauchemars. Pour eux, Frej, c’est le monstre », a-t-elle dit au juge Guy de Blois devant Haj Messaoud qui n’a eu aucune réaction. 

Multiples greffes de peau

Brûlée sur 30 % de son corps, Mme Haj Amor a eu de nombreuses interventions chirurgicales et de multiples greffes de peau. À la tête, au cou, aux bras, aux flancs, aux cuisses, au dos... et elle porte désormais sur sa peau les stigmates de la folie d’un homme.

Encore aujourd’hui, Wiem Haj Amor craint son ancien conjoint qui est détenu depuis deux ans et trois mois.

Elle le craint pour elle, mais aussi pour ses enfants. « Ma fille va grandir et son père n’accepte pas les minijupes, les bretelles. Je ne veux pas qu’un jour, elle devienne, elle aussi, l’une de ses victimes. »

Pour elle, le geste posé le 9 août 2019 est « impardonnable » et elle refuse d’être présente en salle de cour, comme l’accusé le souhaitait, lorsqu’il présentera « ses excuses ». 

Extraits du témoignage de la mère de la victime   

  • « En sortant sur le balcon, j’ai vu quelque chose d’énorme qui brûlait. » 
  • « Je me demandais où était Wiem, et ma petite-fille m’a dit que c’était sa maman (qui brûlait). »  

Extraits de la déposition de l’ami de la victime  

  • L’accusé lui a dit que sa femme ne coucherait pas avec lui ni avec aucun autre homme.  
  • L’accusé lui a dit qu’il n’était pas un homme et qu’il ne baiserait pas sa femme.   

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