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L'article provient de Le Journal de Québec
Santé

«Elle m’a tombé dans les bras»: une femme meurt à l’urgence de Joliette après 17 heures d’attente sans voir un médecin

Le coroner qui a enquêté sur ce décès demande que la qualité des soins prodigués à la patiente de 73 ans soit révisée

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Photo portrait de Hugo Duchaine

Hugo Duchaine

2024-03-21T04:00:00Z
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Une femme de 73 ans est morte d’un anévrisme dans les toilettes de l’urgence de l’hôpital de Joliette l’été dernier, après avoir attendu 17 heures sans jamais voir un médecin.

«Je suis allée l’aider, puis elle m’a tombé dans les bras», se souvient Anne-Marie Boisclair, âgée de 75 ans, qui estime que sa sœur pourrait être encore en vie si elle avait été soignée ce jour-là. Les deux femmes étaient «toujours ensemble» jusqu’à cette nuit fatidique, confie-t-elle.

Sa sœur France Boisclair, agée de 73 ans, et elle s’étaient rendues à l’urgence du centre hospitalier de Lanaudière à Saint-Charles-Borromée juste avant 15h, le 11 août 2023. Elle avait mal au pied, mais c’était aussi à la suite de «cinq épisodes récents de syncope avec des maux de tête importants et des étourdissements», selon le rapport du coroner récemment publié.

  • Écoutez l'entrevue avec Hugo Duchaine, journaliste au Journal de Montréal au micro d’Alexandre Dubé via QUB radio :

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Pression élevée

Malgré une tension artérielle élevée à 218/78 au triage, elle reçoit un code 4, soit non urgent.

Elle a ensuite passé toute la nuit à l’urgence, à attendre 17 heures, sans jamais voir un médecin.

C’est pourquoi le coroner André Cantin a demandé que la qualité des soins prodigués à Mme Boisclair soit révisée, dans son rapport.

  • Écoutez l'éditorial d’actualité de Yasmine Abdelfadel via QUB :

Il s’interroge si l’approche médicale était «adéquate», étant donné la pression artérielle élevée de la patiente, jetant un doute non seulement sur le code de priorité qui avait été donné, mais aussi le long délai de prise en charge.

«Il n’est pas dans le mandat du coroner d’examiner la conduite ou la compétence d’une personne impliquée dans les soins prodigués [...] Je ne peux savoir si les symptômes et les signes que présentait Mme Boisclair ont été bien pris en considération ni si on a pensé qu’ils pouvaient être compatibles avec d’autres conditions pouvant représenter un danger pour sa santé ou sa vie», écrit-il.

Urgence bondée

Cette nuit-là, l’urgence était bondée et très peu de malades en attente ont été appelés, affirme Anne-Marie Boisclair.

«Si elle n’était pas morte, on aurait attendu combien de temps?», se demande-t-elle. Car sa sœur a finalement été vue par deux médecins, après 17 heures d’attente, lorsqu’ils ont tenté de la réanimer, sans succès.

À la suite de ce décès, le CISSS de Lanaudière répond avoir mis en place plusieurs mesures, comme de la formation d’infirmières au triage et aux préposés aux bénéficiaires de l’urgence. Des travaux sont prévus au printemps pour la réfection de l’espace des salles de bain.

Dans la dernière année, au moins trois patients sont décédés à l’urgence de l’hôpital Anna-Laberge de Châteauguay, dont le plus récent en février dernier. Un infirmier a aussi été récemment radié pour avoir fait preuve de négligence dans les soins prodigués à un patient qui est mort à l’hôpital du Lakeshore, à Pointe-Claire.

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