«Elle m'a quitté»: un documentaire qui lève le voile sur la perception masculine de la rupture amoureuse


Catherine Bouchard
Le tout dernier documentaire de la réalisatrice Karina Marceau, intitulé Elle m’a quitté, présente la perception masculine de la rupture amoureuse et lève le voile sur les défis de l’accompagnement, tout en mettant de côté la dualité entre les hommes et les femmes.
Ce documentaire, qui sera diffusé ce samedi, à Doc Humanité sur les ondes de Radio-Canada, lève le voile sur le récit de rupture de plusieurs hommes.
Parmi eux, se trouve notamment le témoignage de Gaston Bourdages. Âgé aujourd’hui d’un peu plus de 80 ans, l’homme a été accusé de l’homicide involontaire de sa conjointe en 1989.
«J’ai vécu une séparation difficile, et je constate que c’est loin d’être anecdotique, lance Mme Marceau. En tant que femme, il y a un bout que l’on peut faire, mais il y a un bout que l’on ne peut pas faire».
L’autre bout à faire est celui de la personne laissée. Cette personne pour qui elle souhaitait qu’elle puisse aller mieux.
«Que tu n’acceptes pas la rupture, je n’y peux rien, il y a un bout qui ne m’appartient pas», poursuit la réalisatrice.
Ce vécu lui a inspiré la création de ce documentaire qu’elle veut «une main tendue» à l’émotivité des hommes. L’histoire de son co-animateur, Stéphane Crête, qui a traversé lui aussi une rupture difficile, a facilité le dialogue avec les différents participants du documentaire.
«Stéphane, c’était le gars parfait, car il avait déjà commencé à faire des rencontres avec des hommes et il fait partie de cette catégorie d’hommes qu’on a besoin qu’ils prennent la parole», observe Mme Marceau.
Dans un contexte où les masculinistes occupent un espace médiatique important et où le président américain fait un retour en puissance en prônant «que la force et la compétition à écraser l’autre, c’est ça, être un homme», la réalisatrice estime que le documentaire, qui fait contrepoids, arrive juste au bon moment.
«Si on aide les hommes à avoir des modèles positifs, ça va nous aider, nous, les femmes», croit-elle.
À l’ère de Trump et des masculinistes
Le documentaire présente parfois des profils d’hommes typiques des clichés masculins, notamment un agriculteur débordé de travail parlant peu de ses émotions, ou encore un homme avec une grosse voix, une forte musculature, une barbe et des tatouages et qui a eu tendance à se déculpabiliser de sa rupture. Et pourtant, ils ont parlé avec une grande vulnérabilité et avec le désir commun de représenter un modèle différent de ce qu’est un «homme vrai».
«On n’a pas assez de modèles masculins. Malgré tout le chemin qu’on a fait, on est encore dans cette logique-là de l’homme pourvoyeur, l’homme qui ne pleure pas, souligne Mme Marceau. Je trouve que j’arrive à point et j’offre une autre façon de parler du sujet».
Ces témoignages, parfois difficiles, mènent à un constat qui porte à réfléchir: assumer leur émotivité est, pour ces hommes, une délivrance.
«Ils créent des liens plus significatifs avec la femme de leur vie et leurs enfants», termine la réalisatrice.
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