Elle fait des tatouages de mamelons hyperréalistes pour les personnes qui ont subi une mastectomie


Sarah-Florence Benjamin
Une artiste de Montréal offre un service unique en son genre: depuis cinq ans, elle réalise des tatouages de mamelons hyperréalistes, notamment pour des femmes qui ont subi une mastectomie après un cancer du sein.
Avec ses tatouages, Tamara Balassanian réussit à camoufler des cicatrices, mais aussi à restaurer des aréoles endommagées ou même à en créer de nouvelles quand il n'y en a plus.
«Pour les aréoles, j’ai une palette de couleurs avec des échantillons et on teste. Si j’ai une toile vierge, on choisit les couleurs, on peut faire ce qu’on veut. S’il y a une aréole partielle, j’essaie de trouver la vraie couleur», détaille la tatoueuse paramédicale .
Lorsque la couleur, le dessin et le placement des mamelons plaisent à sa cliente, Tamara Balassanian peut commencer son tatouage.

«On va travailler avec des aiguilles, on fait des tatouages hyperréalistes en jouant avec les ombres et la lumière, même si c’est plat», explique celle qui a étudié en beaux-arts et qui travaille comme inhalothérapeute.
L’artiste est capable de reproduire les plus petits détails, comme les tubercules de Montgomery, ces petites bosses qu’on peut retrouver sur les aréoles, et ajouter un semblant de relief aux mamelons.
Il faut prévoir une consultation initiale, une séance de deux ou trois heures et quelques centaines de dollars pour se faire tatouer par Tamara Balassanian. «Le prix varie beaucoup, c’est au cas par cas», précise-t-elle.

Une forte demande
Quand elle a commencé sa pratique il y a cinq ans, sa clientèle était principalement composée de femmes.
Aujourd’hui, elle reçoit aussi des personnes trans qui ont subi une mastectomie ou une phalloplastie, une opération de chirurgie plastique visant la fabrication d’un pénis.
Comme on effectue une phalloplastie avec la peau de l’avant-bras, celle-ci est souvent assez pâle et lisse. Avec le tatouage, Tamara Balassanian vient ajouter de la couleur et de la texture, comme l’illusion de veines, par exemple.
Il lui arrive aussi de tatouer des hommes cisgenres qui se sont fait traiter pour une glande mammaire excessive (gynécomastie) ou «tous les gens qui ne sont pas contents de la forme de leurs mamelons», dit-elle.
Elle peut également camoufler toutes sortes de cicatrices.

«Les gens venaient me chercher. Il y avait de la demande», souligne l’artiste qui affirme être une des rares à pratiquer ce genre de tatouage au Québec.
Peu importe la personne qui se présente à son salon, Tamara Balassanian offre un environnement sécuritaire, accueillant et bienveillant.
«C’est un moment très vulnérable pour la personne et pour moi, ce sont des parties intimes du corps», assure-t-elle.

Comment on devient tatoueuse paramédicale?
On n'apprend pas à être tatoueuse paramédicale en passant par un cheminement classique à l'école. Pour apprendre son métier et parfaire son art, elle a dû suivre des formations spécifiques à chaque type de tatouage à l’extérieur de Montréal et faire des recherches en ligne.
«Comme on est peu, la majorité de la communauté se trouve ailleurs dans le monde», confirme la tatoueuse.