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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Stéphanie Tessier: Elle est partie trop tôt à 31 ans

<strong>Stéphanie Tessier</strong><br><em>31 ans</em>
<strong>Stéphanie Tessier</strong><br><em>31 ans</em> Illustration, Élisabeth Simard
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Photo portrait de Nora T. Lamontagne

Nora T. Lamontagne

2021-03-13T06:00:00Z
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Stéphanie Tessier serait, à 31 ans, la plus jeune soignante décédée de la COVID-19, qu’elle aurait attrapée... cinq jours après son retour d’un arrêt de travail.

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La préposée aux bénéficiaires d’expérience du CHSLD Lucien-G.-Rolland, à Saint-Jérôme, sur la Rive-Nord de Montréal, savait apprécier les plaisirs simples de la vie, mais travaillait de nuit avec la peur constante d’être infectée.

« Stéphanie, c’est un soldat qui est parti à la guerre sans équipement. C’est comme un héros pour moi », affirme Kevin McCarthy, qui a perdu sa conjointe des neuf dernières années le 28 avril dernier. 

Celle-ci lui aurait confié à plusieurs reprises s’inquiéter du manque d’équipement de protection individuelle mis à sa disposition. 

« Elle commençait sa vie »

Pour compenser, la trentenaire prenait toutes les précautions, se lavait les mains à la première occasion et avait cessé de visiter ses parents en mars dernier. 

« Stéphanie avait aussi peur pour elle que pour nous », évoque sa mère, Linda Plouffe, inconsolable au téléphone. 

« Il y en a 10 000 qui vivent la même affaire que moi, tente-t-elle de relativiser. Mais ma fille était jeune, elle commençait sa vie... »

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D’un naturel altruiste, la jeune femme de 31 ans adorait son métier, passer des veillées d’été au coin du feu et faire du coloriage. 

« Elle était ricaneuse aussi », ajoute Mme Plouffe avec affection avant de se rembrunir.  

La dernière image de son aînée, aperçue à travers une petite fenêtre à l’hôpital quelques heures après sa mort, la hante. 

  • Écoutez la journaliste Nora Lamontagne ici

« Je voyais rien que son oreille, son épaule, sa joue... Je lui aurais tenu la main, je l’aurais embrassée, je lui aurais fait un câlin... On n’a rien pu faire de ça », regrette-t-elle. 

Dévastée par la mort de sa fille, la sexagénaire n’a même pas pu se résoudre à assister à la cérémonie qu’ont organisée ses collègues en son honneur une semaine plus tard. 

Il y a eu des témoignages, et un nuage de ballons qui s’est envolé sur l’air d’une chanson de 2Frères qu’elle adorait, Nous autres

Mme Plouffe se met à en fredonner les paroles : « Y’a rien de plus important qu’l’amour qui nous rassemble... »

Le petit frère de Stéphanie Tessier, Sébastien, a aussi laissé s’envoler une colombe vers le soleil radieux qui brillait ce jour-là. 

La peur de perdre un autre enfant  

Encore aujourd’hui, Linda Plouffe est tourmentée par le sort de son plus jeune, employé dans le même CHSLD que celui où travaillait sa grande sœur. 

La présence de l’équipement de protection individuelle n’y change pas grand-chose. 

« Si j’en perds un deuxième, je me retrouve à l’asile », dit-elle tristement. 

Elle-même n’est pas sortie de sa maison plus d’une dizaine de fois depuis le printemps. 

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