C’est la folie pour Lucie, l’amicale serveuse et «star» de TikTok des restaurants Lafleur
Même le maire de Laval est allé serrer la pince du personnage lors de l’ouverture d’une succursale de la fameuse pataterie sur l’île Jésus


Louis-Philippe Messier
À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Une heure et demie avant l’ouverture du nouveau restaurant Lafleur sur le boulevard Curé-Labelle dans le quartier Chomedey, à Laval, il y a déjà une file devant la porte pour rencontrer la «star» de Tiktok Lucie et pour les hot-dog gratuits promis aux cent premiers arrivés.
Le restaurant ouvre quinze minutes plus tôt que prévu pour éviter que la file déborde dans le stationnement.
«Bonjour Laval! Entrez!» s’exclame l’affable et débonnaire Lucie, une caissière archétypale jouée par une actrice (dont on ne voudra pas me révéler le nom).
Celle qui a valu 53 000 abonnés sur TikTok à la marque Lafleur en peu de temps entrouvre la porte.
Une minuscule dame souriante entre la première.
Elle se dirige vers le comptoir surplombé d’un menu orné d’une photo de Lucie brandissant un pogo moutardé.

Lucie apparaît aussi sur les napperons.
«J’avais hâte de voir Lucie en personne! C’est la première fois. Elle est comme une amie. Je sais que c’est un personnage, mais elle me met de bonne humeur», commente Louise Chalifoux, 64 ans.

Magie publicitaire
Lucie donne également l’impression de connaître déjà tout le monde.
«Hé, ho! Attendez mon beau monsieur, vous renversez de la liqueur sur le plancher, là! Faut mettre un couvercle sur votre verre! Tenez, voilà!» intervient la mascotte auprès d’un homme d’un certain âge qui a la tremblote et dont le verre rempli à ras bord déborde pendant qu’il chemine vers une banquette.
«Merci, Lucie!» répond ce dernier.
Impossible d’interviewer Lucie plus de trente secondes: quelqu’un l’interpelle toujours.
Un immense gaillard me demande de le prendre en photo avec elle.
Stéphane Hodgson entame ensuite une grosse poutine italienne noyée dans la sauce bolognaise et recouverte de viande fumée.
«Ça, c’est ce que tu manges tard la nuit quand tu reviens d’une brosse!» martèle l’informaticien de 56 ans.
«Ça me rend nostalgique parce que ça me rappelle ma jeunesse et mes sorties au centre-ville qui se terminaient dans un Lafleur», confie-t-il.

Comment expliquer cette familiarité instantanée du public avec un personnage de serveuse?
«Mon secret, c’est que j’aime le monde. Les gens sont fins. J’aime mon public, comme dirait la Poune numéro deux!» m’explique en riant Lucie, qui a été hôtesse pour Télé-Métropole dans les années 1990.

Verra-t-on Manon de chez Ashton?
«Nous avions 0 abonné sur TikTok avant Lucie et elle nous a rapidement fait grimper à 10 000... et nous en sommes à 53 000!» s’enthousiasme Alexandra Tsotsis, la directrice marketing de la marque.
«Des jeunes qui ne connaissaient pas Lafleur suivent Lucie et des gens de Belgique et de France réagissent à nos publications», se réjouit Juliette Vachon de l’agence Dreww, qui a créé le personnage.
Lafleur veut doubler son nombre de restaurants en cinq ans, pour passer de 17 à 34, et songe à courtiser des franchisés partout au Québec... y compris dans le fief de la marque Ashton.
Verra-t-on bientôt Ashton répliquer par un personnage de mascotte qui pourrait s’appeler, je ne sais pas... Manon?
