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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

«Elle aurait pu être sauvée cinq fois», témoigne la famille d’une femme noyée dans son véhicule

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Photo portrait de Elisa Cloutier

Elisa Cloutier

2023-07-10T04:00:00Z
2023-07-10T13:19:55Z
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Le deuil est «très difficile» à surmonter pour la famille de la jeune notaire décédée il y a deux mois dans la rivière du Sud à Montmagny, sous le regard impuissant d’une dizaine de pompiers, qui n’ont pu la secourir faute de formation.

• À lire aussi: Prisonnière de son véhicule, une notaire se noie devant des secours impuissants

Joint par Le Journal, le père de la victime, Bertrand Potvin, ne s’explique pas pourquoi la municipalité de Montmagny n’a toujours pas formé ses pompiers pour effectuer des sauvetages nautiques (voir autre texte). 

«Je me demande ce que ça va prendre [...] Est-ce qu'ils attendent un autre décès gratuit?» a -t-il laissé tomber, encore ébranlé par les tragiques évènements.  

Le 21 avril dernier, sa fille, Josyane Tanguay-Pelletier, âgée de 36 ans, a perdu la vie lorsque la voiture dans laquelle elle prenait place a sombré dans les eaux glacées de la rivière.  

Elle est restée prisonnière de l'automobile, qui a flotté pendant près de 25 minutes sous le regard impuissant des premiers répondants et d’un témoin, qui a gardé contact avec elle jusqu’à la dernière seconde. 

Pour une raison inexpliquée, le véhicule de Josyane Tanguay-Pelletier s’est retrouvé dans la rivière du Sud, dans le secteur du chemin des Cascades à Montmagny.
Pour une raison inexpliquée, le véhicule de Josyane Tanguay-Pelletier s’est retrouvé dans la rivière du Sud, dans le secteur du chemin des Cascades à Montmagny. Photo Agence QMI, Marcel Tremblay

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Dans les jours qui ont suivi, Le Journal a révélé que le Service de la sécurité incendie de la municipalité possède l’embarcation nécessaire pour effectuer des sauvetages nautiques depuis le mois d’août 2020, mais tarde à former ses pompiers. 

«Cette enfant-là est décédée, ils l’ont volée. Elle aurait pu être sauvée cinq fois», affirme M. Potvin avec émotion. 

Entrevues refusées 

Pour sa part, le chef du Service de la sécurité incendie de la Ville de Montmagny, Pierre Boucher, n’a pas souhaité répondre à nos questions en ce sens.  

Le maire, Marc Laurin, a également refusé nos demandes d’entrevues. 

Par ailleurs à ce jour, aucun membre de l’administration municipale n’a contacté la famille de la victime, pour lui offrir des explications ou des messages de sympathies. 

Les parents de Josyane Tanguay-Pelletier ne comprennent pas pourquoi personne n'a pu venir en aide à leur fille, lorsque la voiture dans laquelle elle prenait place est tombée dans la rivière du Sud, à Montmagny, le 21 avril dernier. De gauche à droite, la mère de la victime, Marise Tanguay, Josyane Tanguay-Pelletier, 36 ans, et son père, Bertrand Potvin.
Les parents de Josyane Tanguay-Pelletier ne comprennent pas pourquoi personne n'a pu venir en aide à leur fille, lorsque la voiture dans laquelle elle prenait place est tombée dans la rivière du Sud, à Montmagny, le 21 avril dernier. De gauche à droite, la mère de la victime, Marise Tanguay, Josyane Tanguay-Pelletier, 36 ans, et son père, Bertrand Potvin.

Beaucoup de questions demeurent 

Pour le moment, les causes du drame demeurent inconnues. «Est-ce qu’elle a eu un malaise? Est-ce que c’est l’auto qui s’est emballée?» se questionne M. Potvin, tous les jours.  

«La douleur est grande, parce que si elle avait frappé un mur de béton, ou un dix roues, elle serait morte sur le coup et on ne peut rien dire ou faire devant ça. Mais, quand elle est vingt-cinq minutes en vie, à correspondre visuellement et en demandant de l’aide, c’est ça ce qui est le plus dur», ajoute le père endeuillé. 

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M. Potvin espère obtenir plus de réponses avec le rapport du coroner, qui devrait être rendu public dans les prochains mois.  

Pompiers sous le choc

Les pompiers de la Ville de Montmagny ne comprennent pas pourquoi l’embarcation qui aurait pu permettre d’intervenir plus rapidement auprès de la jeune notaire le 21 avril dernier «dormait» depuis près de trois ans et pourquoi ils n’ont jamais été formés pour l’utiliser.

Plusieurs pompiers de la Ville de Montmagny, mais surtout ceux qui étaient sur les lieux du drame, peinent encore à se remettre de cette «épreuve traumatisante».  

Certains d’entre eux ont accepté de se confier au Journal, mais sous le couvert de l’anonymat, par peur de représailles.  

C’est qu’une semaine après le drame, le Service de la sécurité incendie a fait parvenir un communiqué à tous ses employés, leur rappelant qu’ils n’étaient pas autorisés à donner «quelque informations que ce soit» en lien avec l’évènement, en vertu de leur code de déontologie. 

«Votre discrétion lors de vos entretiens privés et vos rencontres du quotidien témoignent de votre solidarité envers votre équipe », peut-on lire. 

«Sentiment d’impuissance» 

Toutefois, les pompiers interrogés affirment que le «sentiment d’impuissance» qu'ils ont vécu lors des évènements est encore très lourd à porter.  

«Certains ont encore de la difficulté à sortir de chez eux», nous dit-on.

Mieux outiller les villes 

Alors que les tragédies impliquant des pompiers ont fait les manchettes dans les derniers mois, dont le décès de deux pompiers volontaires à Saint-Urbain et celui de Pierre Lacroix en 2021, le ministère de la Sécurité publique travaille de son côté à la création d’un «cadre de référence», pour «outiller les intervenants d’urgence des autorités locales et régionales lors d’interventions de sauvetage nautique».  

Le document qui devrait être rendu public à Noël servira notamment à «bonifier et standardiser» les pratiques existantes en matière de sauvetage nautique au Québec. 

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