Elle aurait pourri la vie de son ex-amant
La chercheuse universitaire aurait accusé la victime d’être un violent agresseur sexuel, sans fondement


Antoine Lacroix
Une femme qui aurait voulu pourrir la vie de son ex-amant en l’accusant faussement à son entourage d’être un violent agresseur sexuel a commencé à subir un procès pour harcèlement et extorsion.
« Ça a été le début de ma descente aux enfers », a décrit la victime, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication.
Son ancienne maîtresse, Ann Letellier, subit son procès pour des accusations de harcèlement et d’extorsion. Fait rare considérant les accusations et les détails intimes des crimes allégués, c’est devant un jury de 14 personnes que l’accusée de 56 ans a choisi d’être jugée.
En 2018, la chercheuse universitaire aurait envoyé des courriels à plus d’une trentaine de personnes, disant avoir été victime de nombreux sévices sexuels violents.
La procureure de la Couronne, Geneviève Beaudin, a assuré aux jurés lundi que les allégations étaient sans fondement.
- Écoutez la chronique de Félix Séguin au micro de Richard Martineau sur QUB radio :
Il choisit son épouse
Dans son témoignage lundi, l’homme a soutenu avoir « aimé et estimé » Mme Letellier, ajoutant avoir déjà pensé faire sa vie avec elle.
Il avait même annoncé à son épouse qu’il la quittait pour aller rejoindre celle avec qui il entretenait une liaison depuis près de 20 ans.
Mais après avoir réfléchi et entamé une thérapie de couple, il a plutôt signifié à l’accusée qu’il allait rester avec sa femme.
« On pleurait les deux, on était très tristes », a-t-il reconnu, estimant toutefois que la rupture s’était relativement bien déroulée.
Or, c’est quelques années plus tard que ses supérieurs à l’université où il travaille l’informent d’une dénonciation le visant. La plainte concerne une inconduite sexuelle envers une employée.
« J’étais abasourdi. Ç’a été le cataclysme dans ma vie », a relaté la victime, disant avoir tout de suite avoué son aventure avec Ann Letellier, mais assurant n’avoir rien à se reprocher outre l’adultère.
Il a raconté avoir ensuite été plongé dans une saga. Dans les courriels envoyés par l’accusée, elle y affirmait avoir été « violée, abusée et agressée sexuellement », au point de subir des « sévices corporels graves ».
- Écoutez la chronique de Sophie Durocher sur QUB radio:
Lettre à une ministre
« Cette lettre, elle la transmet à des collègues, des étudiants, des amis et même au fils de [la victime]. [...] Dans cette missive, l’accusée demande de partager le tout en grand nombre », a relaté Me Beaudin dans sa déclaration d’ouverture.
La lettre de l’accusée avait même été envoyée à la ministre de l’Enseignement supérieur, a soutenu la victime.
« [L’accusée] communiquera de façon répétée avec [la victime], son épouse, son fils et avec d’autre monde de l’entourage, adoptant un ton agressif », a poursuivi la procureure.
Mais Mme Letellier ne se serait pas arrêtée là. Elle lui aurait envoyé une autre lettre, soutenant que sa vengeance serait « sans limites » et demandant « quel prix » valait sa souffrance.
« [Elle] mentionne avoir pris des cours de tir, être en possession de deux armes à feu et souligne être douée pour atteindre sa cible. [...] Elle termine en lui laissant cinq jours pour réfléchir », a indiqué la procureure de la Couronne.
– Avec Claudia Berthiaume
La victime poursuit son témoignage mardi devant la juge Hélène Di Salvo.