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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Éliminer la violence, une utopie?

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Photo portrait de Maria Mourani

Maria Mourani

2022-10-12T00:00:00Z
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Depuis les deux dernières années, la violence armée, le trafic d’armes à feu, les gangs de rue et les organisations criminelles occupent une bonne partie de la couverture médiatique. On a eu droit à une série d’annonces à coup de millions de dollars en répression et en prévention. Le Journal, sous la plume de Valérie Gonthier, a même consacré plusieurs pages du week-end dernier à la prévention.  

Jeudi, l’Ordre professionnel des criminologues du Québec (OPCQ) tiendra son premier congrès depuis sa formation en 2015, et devinez quelle sera la thématique: La criminalité en réseau... une réalité complexe. J’irai parler de gangs de rue et de réseaux de prostitution juvénile. Même la revue de novembre de l’OPCQ, Le Beccaria, porte sur L’utilisation des armes à feu, portrait de la violence commise et subie.

C’est dire que l’écosystème criminel, particulièrement le milieu des groupes criminels, fait couler beaucoup d’encre ces temps-ci. 

Soyons réalistes!

Lors de mes discussions sur la violence armée, une question revient constamment: comment l’éliminer? Il faudrait d’abord faire disparaître la violence en elle-même. Croyez-vous vraiment que l’Humain en est capable? Depuis que l’humanité existe, la violence fait partie de son ADN. Domination et pouvoir, voilà sa puissance de vie. 

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Sachant cette propension à la violence, l’Humain a inventé «sa propre chaîne» pour calmer les intensités de certains et protéger les plus vulnérables. On lui a donné le nom de «contrôle social». Pour simplifier ce concept complexe, imaginez un sac fourre-tout où vous pouvez mettre tous les «outils» pris par une société pour que vous respectiez ses normes et ses valeurs. Cela concerne l’éducation familiale, les règles scolaires, les lois et les règlements, etc., et même votre surmoi. Vous savez, cette petite voix intérieure qui vous dit quoi faire ou ne pas faire.

Alors, peut-on éliminer la violence armée? Non. Peut-on tenter de la contrôler? Oui. 

Prévention et répression

Il n’y a pas de recette magique. Le mieux est d'utiliser des stratégies scientifiquement démontrées comme efficaces avec les bons intervenants. 

Lorsqu’on a une augmentation des fusillades, il est important, dans un premier temps, de comprendre les dynamiques enjeux. Dans le cas de Montréal, on sait que la majorité des attaques ont été perpétrées par des groupes criminels. On sait également que l’accessibilité aux armes de poing est un problème à ne pas négliger, ainsi que l’exacerbation de la violence et son exhibition dans les réseaux sociaux. 

Par conséquent, une bonne stratégie revient à accentuer la pression sur les groupes criminels avec l'objectif de retirer les armes de la rue et de calmer les conflits par des arrestations, tout en jumelant des actions de prévention auprès des jeunes sur le terrain et le web. Les acteurs des quartiers doivent aussi être mis à contribution, car la concertation et la résolution des problèmes permettent d'aboutir à de bons résultats. 

Tout est une question d’équilibre entre les actions de prévention et de répression. 

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