Élections municipales: un sympathisant des Hells Angels se porte candidat dans une municipalité de l’Estrie
Sylvain Vallée, un porte-couleurs des Gitans de Sherbrooke, est en lice pour un poste de conseiller municipal dans la municipalité de Cookshire-Eaton, en Estrie
Félix Séguin et Jean-Louis Fortin
Un membre en règle d’un club de motards affilié aux Hells Angels se porte candidat à l’élection municipale du 2 novembre prochain, a appris notre Bureau d’enquête.
Sylvain Vallée, un porte-couleurs des Gitans de Sherbrooke, est en lice pour un poste de conseiller municipal dans la municipalité de Cookshire-Eaton, en Estrie.
Il est l’un des trois candidats qui se présentent dans le district numéro 3 de cette municipalité d’un peu plus de 5000 habitants, située près de Sherbrooke.
Selon nos sources policières, les Gitans de Sherbrooke sont un club sympathisant des Hells Angels.
D’ailleurs, sur sa page Facebook, Vallée affiche fièrement des photos sur lesquelles il porte des vêtements à l’effigie du «81», les lettres qui représentent le célèbre club de motards criminalisés.

Compatible avec la fonction d’élu?
Joint brièvement au téléphone par notre Bureau d’enquête lundi après-midi, Vallée a confirmé être un membre des Gitans et supporter les Hells.
Quand on lui a demandé s’il jugeait que le fait de supporter un groupe criminel était incompatible avec la fonction de conseiller municipal, il a répondu «non», avant de mettre fin à la conversation.

Le maire sortant, Mario Gendron, qui ne sollicite pas un nouveau mandat, s'est dit «très déçu» de l'incapacité des autorités à agir face à ce genre de candidature.
«J’ai appelé au DGEQ [Élections Québec]. On m’a dit qu’on ne pouvait rien faire», a-t-il déploré en entrevue.
Ce n’est pas interdit
Au Québec, rien dans la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités n’interdit à un sympathisant d’un groupe de motards criminalisés de poser sa candidature.
«La Loi ne prévoit pas de restriction à l’égard de la situation que vous rapportez», confirme par courriel Julie St-Arnaud-Drolet, porte-parole d'Élections Québec.
«L’organisation des élections doit se faire de façon neutre et impartiale : il n’appartient ni aux présidents d’élections municipaux ni à Élections Québec de commenter les candidatures ou l’offre politique», ajoute-t-elle.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Les critères d’admissibilité incluent notamment d’avoir 18 ans ou plus, d’être de citoyenneté canadienne et de ne pas avoir été reconnu coupable d’une manœuvre électorale frauduleuse.
Une personne déclarée coupable d’un acte criminel punissable de deux ans d’emprisonnement ou plus, ce qui n'est pas le cas de Vallée, devient inéligible pour une période d'au moins cinq ans.
Rappelons que la date limite pour se porter candidat au scrutin de novembre était le vendredi 3 octobre dernier.
Avec la collaboration de Maude Boutet
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