Élections municipales: des candidates se font traiter de «tarte» et d’«ostie de folle» dans les réseaux sociaux
La mairesse de Gatineau, Maude Marquis-Bissonnette, a lancé un appel à la vigilance la semaine dernière

Anouk Lebel et Marianne Langlois
«Une tarte», «l’idiote du village», «ostie de folle»... Des candidates aux élections municipales reçoivent leur lot de commentaires dégradants dans les réseaux sociaux et craignent que le climat tendu ne décourage les femmes de s’impliquer en politique.
«Je me suis fait accuser de coucher avec des membres du CA de BIXI pour faire avancer la cause vélo. [...] On me dit de retourner dans mon pays [et] que je n’aurais jamais dû venir ici», énumère Julie Roy, candidate pour Projet Montréal dans Ahuntsic-Cartierville, à Montréal.
La Française d’origine en voit de toutes les couleurs depuis qu’elle a été élue conseillère de ville en 2021, mais la violence en ligne a «atteint un pic» durant cette campagne électorale.
«Inutile au cube», «Elle a l’air de l’idiote du village», «Pu capable de celle-là» sont quelques exemples de commentaires que Louise Lortie, candidate du Parti Laval pour le district Marc-Aurèle Fortin, a reçus.
«C’est déstabilisant [...] On ne veut pas que les femmes soient traitées de cette façon-là», se désole la mère de trois enfants.
Les femmes plus touchées?
Si la conseillère de Laval n’a pas remis en question son implication en politique, Mme Roy admet qu’elle y a pensé à deux fois avant de se représenter.
«C’est sûr que ça a un impact. Ce qui me désole, c’est que c’est déjà difficile d’attirer du monde en politique, encore plus des femmes», dit-elle.
À Drummondville, six hommes se présentent pour succéder à la mairesse Stéphanie Lacoste, mais aucune femme.
«J’ai pourtant parlé beaucoup de politique avec des femmes [...] les préoccupations [pour se porter candidate ou non] qui revenaient toujours, ce sont les commentaires [dans] les réseaux sociaux», laisse tomber l’élue municipale.
Depuis les élections de 2021, environ 10% des élus municipaux ont quitté leur fonction au Québec, selon un sondage Léger commandé par l’Union des municipalités au Québec.
«Les mairesses sont très touchées par ce genre de propos, non seulement de la part de la population, mais parfois également des élus. Ça peut les pousser à démissionner à cause de ce climat», souligne la professeure de gestion municipale à l’UQAM, Danielle Pilette.
Appel à la vigilance
La semaine dernière, la mairesse de Gatineau, Maude Marquis Bissonnette, a publié une sélection des commentaires qu’elle reçoit dans les réseaux sociaux, parmi lesquels: «Lèche-cul»Lèch, «tarte» et «la place des femmes, c’est dans la cuisine».
«L’idée, c’était d’induire une prise de conscience et d’en appeler à ce qu’on se parle avec respect», explique l’élue.
Elle croit encore que les médias sociaux peuvent être un lieu d’échange et de dialogue.
La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, croit aussi que le dialogue est encore possible, mais elle n’hésite pas à dénoncer à la police les commentaires qui vont trop loin.
«Je ne prends pas le chapeau quand il ne me fait pas, je ne me laisse pas atteindre par ce genre de commentaires», souligne celle qui a été la plus jeune députée jamais élue à l’Assemblée nationale.
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