Élections: la peur s'installe...


Denise Bombardier
La députée libérale Marwah Rizqy, enceinte de huit mois, a été menacée de mort. Son assaillant a été libéré sous caution, dans l’attente de son procès. Les pancartes de certains candidats de la CAQ ont été tachées de sang. Et voilà qu’on crée une névrose d’angoisse en offrant aux chefs de parti des gilets pare-balles et davantage de gardes du corps.
Mais Éric Duhaime, lui, plane au-dessus de ces lourds nuages sombres. Son candidat dans Joliette, Pascal Laurin, un enseignant, on doit le préciser, use de Twitter pour transmettre sa vision politique.
Voici quelques exemples des commentaires-choc de l’enseignant-candidat du PCQ. Les pays du Moyen-Orient seraient des «pays de marde». François Legault n’est pas différent de Poutine alors que le dictateur de la Corée du Nord, Kim Jong-un, M. Laurin le trouve «plus modéré» que le premier ministre québécois dans la gestion de la pandémie.
Pour le PCQ, ces propos du candidat, un enseignant, répétons-le, n’ont pas dépassé la limite prescrite par Éric Duhaime. «Nous autres, on n’a pas besoin de gardes du corps parce que le peuple est avec nous , a déclaré, moqueur, celui-ci en début de semaine.
- Écoutez l'édito de Denise Bombardier à l'émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 8 h 30 via QUB radio :
Ne nous cachons pas la réalité. Le chef du PCQ oscille entre la provocation et un faux sentiment d’ouverture en transformant la fameuse liberté d’expression en une carpette où il faut toujours s’essuyer les pieds.
Ce garçon met son intelligence, qu’il ne faudrait pas sous-estimer, au service de son ambiguïté, de son ambivalence, mais avant tout de sa propre perversion intellectuelle.
En d’autres termes, il transforme cette campagne électorale en plaçant ses adversaires sur un terrain, le sien, qui leur est plus ou moins étranger. Les autres leaders, plutôt doués pour la manipulation et la séduction, mais néanmoins assez naïfs, sont entraînés par ce climat d’affrontement, de menaces de mort et de diffamation.
Reconnaissons qu’Éric Duhaime contrôle l’agenda psychologique de cette campagne. Il incarne et s’appuie sur le «peuple» face aux élites.
À vrai dire, de mémoire, je n’ai jamais vécu une telle campagne électorale. La présence d’une extrême gauche et d’une extrême droite apporte des éléments d’affrontements singuliers.
Le choc ressenti devant l’effondrement du PLQ déserté par les francophones transforme également la scène politique. Enfin, le PQ, malgré la dignité de son chef et le désespoir actif et combatif de ses militants, jeunes et vieux, ajoute une dimension tragique dans l’histoire de la souveraineté en luttant pour garder, sinon des appuis, ce qui lui reste d’âme.
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La victoire de la CAQ de François Legault deviendra, quoi qu’on en dise, le deuil de nombre de citoyens au nationalisme exacerbé. Une suite aux échecs des référendums de 1980 et 1995.
De sourdes inquiétudes s’annoncent devant la polarisation d’électeurs extrémistes, de droite et de gauche. Selon la performance de la CAQ, nous pourrions nous retrouver dans des combats entre factions irréconciliables.
Cette élection s’inscrit dans un paysage politique nouveau. L’Assemblée nationale sera à l’image d’élus dont les plus tapageurs, les plus irresponsables, les plus ignorants et les plus idéologiques risquent de faire trembler les murs de ce lieu sacré de la démocratie. Car nous ne pouvons nier que des intrus légalement élus seront des adversaires de la démocratie telle que nous l’avons connue.