Élections: colère et exagération, la recette Poilievre ne fonctionne pas contre Mark Carney


Philippe-Vincent Foisy
Les bons boxeurs ne sont pas ceux qui cognent le plus fort. Ce sont ceux qui arrivent à s’adapter à chaque combat pour réussir à bien placer leurs coups.
Pierre Poilievre est un poids lourd d’expérience. Il cogne fort. Mais depuis quelques semaines, il cogne dans le vide et dans son coin.
Pourquoi?
Parce qu’il carbure à la colère et à l’exagération, avec un sourire.
Depuis le début de la campagne, il répète que Mark Carney est compromis, qu’il a vendu le Canada et qu’il veut s’unir avec Donald Trump pour attaquer la protection du français! Selon lui, Donald Trump appuie Mark Carney!
Pendant qu’il fait ça, il nous montre une chose: il est le meilleur chef de l’opposition.
La quadrature du cercle de Carney
Pierre Poilievre affronte un boxeur inhabituel. Mark Carney a réussi quelque chose de quasi impossible.
Il incarne le changement dans la continuité. Le banquier élitiste parvient à rassurer l’électorat contre le politicien de carrière populiste.
Pensez-y, il a fait oublier l’usure du gouvernement Trudeau tout en rassurant l’électorat. En temps de crise, les électeurs n’auront pas quelque chose de trop différent ni radical.
Les gens voient Mark Carney jouer au premier ministre et ils aiment ça. Ils lui pardonnent donc les petits accros de campagne et écartent le fait qu’il n’a pas les réflexes de politiciens.
Il devra toutefois faire attention.
On repassera pour l’élection d’une génération
On a répété que cette élection n’était pas comme les autres, qu’elle était celle d’une génération, que l’avenir de notre pays en dépendait.
Pourtant.
On a droit à une campagne des plus classiques. Pierre Poilievre fait campagne comme s’il était en 2015, en promettant des baisses d’impôt, des crédits d’impôt ciblés et des projets de pipeline. Il a simplement ajouté que tout ce qu’il faisait c’était contre Donald Trump.
Mark Carney, lui, a commencé sa campagne en copiant des promesses conservatrices. Il n’a encore rien annoncé de majeur pour l’avenir du pays.
Où est le débat sur la lutte contre les changements climatiques, surtout à l’heure où les Américains reculent sur leurs ambitions? Il ne faut pas en parler juste quand on subit des catastrophes naturelles.
Où est le débat sur l’intelligence artificielle? On vit des bouleversements sans précédent qui remettent en question l’avenir du travail et le sens même de la vérité en ligne.
Où est le débat sur les finances publiques? On a un déficit record que les partis promettent d’éliminer dans les prochaines années, mais comment?
Où est le débat sur la culture? Depuis l’arrivée de Donald Trump, on ne cesse de défendre l’identité canadienne, mais, dans la campagne, pas un mot sur cette culture qui doit nourrir l’identité.
Au moins, on va baisser les impôts... On aura jusqu’à 17$ de plus dans nos poches par semaine! Ça, c’est une vision d’avenir...