Élection de Donald Trump: François Legault prévoit des turbulences économiques

Patrick Bellerose
Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche entraînera de la turbulence pour l’économie du Québec, s’inquiète François Legault.
Le premier ministre caquiste s’est adressé aux médias, mercredi, quelques heures après l’élection du nouveau président américain.
«Je pense qu’il faut se dire la vérité, il y a des emplois qui sont en jeu. Donc, il va falloir être très stratégique, surtout dans les secteurs clés où le Québec a beaucoup d’exportations vers les États-Unis», a-t-il déclaré d’entrée de jeu.
Quatre secteurs économiques sont particulièrement à risque, estime-t-il, soit l’aéronautique, l’aluminium, le bois et les produits alimentaires.
«On risque de vivre de la turbulence dans les prochains mois, les prochaines années, dans nos relations avec les Américains, mais je suis convaincu que la relation privilégiée qu’on a réussi à bâtir ensemble est à l’avantage des deux parties», a tout de même souligné le premier ministre, sur une note plus optimiste.
Défis
En effet, les défis seront nombreux, comme ce fut le cas lors de la dernière administration Trump.
Le candidat républicain a promis d’imposer des droits de douane de 10% sur l’ensemble des produits canadiens exportés au sud de la frontière.
L’accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique arrive également à échéance en 2026 et devra être renégocié.
«On sait comment ça n’a pas été facile, dans les dernières négos, de protéger la gestion de l’offre. C’est quelque chose qui est particulier au Québec. Donc, il faut que le gouvernement fédéral comprenne des intérêts des agriculteurs québécois», rappelle François Legault.
Émissaire pour le Québec
Il compte d’ailleurs nommer un émissaire chargé des relations avec Washington.
«On souhaite que le gouvernement fédéral l’amène à la table des négociations avec les États-Unis», dit M. Legault.
L’Ontario pourrait avoir le même genre de représentant afin de faire valoir ses priorités, souligne le premier ministre.
Effets positifs
Mais le ministre des Finances Eric Girard voit également des éléments positifs dans le programme économique de Donald Trump.
«Les marchés financiers apprécient les aspects qui concernent la déréglementation, les baisses d’impôts. Tout ça pourrait stimuler la croissance économique», souligne le grand argentier du gouvernement caquiste.
Cependant, l’imposition de tarifs douaniers est un enjeu, reconnaît Eric Girard. Tout comme François Legault, il fait valoir que les chaînes de productions nord-américaines sont largement intégrées, si bien qu’un produit fabriqué aux États-Unis sera dépendant de matériaux canadiens, et vice-versa.
«Il faudra faire valoir que nos exportations sont à l’avantage des Américains», souligne-t-il.
En fin de compte, «les effets positifs pourraient être plus grands» que les effets négatifs, affirme M. Girard.
Duhaime optimiste
Le chef conservateur Éric Duhaime, pour sa part, voit une influence positive de la future administration américaine sur les politiques fiscales du Québec.
«Je pense que ça va obliger le Québec à faire preuve de réalisme. Peu importe le gouvernement ou le parti au pouvoir, ça va obliger le Québec à revoir le rôle de l’État et de l’interventionnisme», estime-t-il.
«On va être obligés de commencer à dire qu’il faut lâcher le contribuable, qu’il va falloir donner un répit aux contribuables québécois, qui sont déjà beaucoup trop taxés», a-t-il ajouté.
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