Élections Canada: trop de votes perdus!


Mario Dumont
Jeudi matin, madame Françoise Beaudoin a eu une bien mauvaise surprise en ouvrant son courrier. Elle y retrouvait une enveloppe retournée à l’expéditeur contenant... son vote. Oui, le 22 mai, cette femme de Longueuil se fait retourner son vote postal, qui devait être compilé dans les élections fédérales du 28 avril dernier.
Son bulletin avait été expédié une semaine avant les élections, un délai normalement suffisant dans la même ville. Pareil à ce qu’avait vécu une résidente de Terrebonne, l’enveloppe fournie par Élections Canada pour expédier le bulletin de vote ne portait pas l’adresse exacte.
La différence majeure, c’est qu’à Terrebonne, le recomptage judiciaire avait donné la victoire à une candidate par un seul vote. Donc LE vote perdu dans la poste pourrait même conduire à une reprise de l’élection. À Longueuil, le résultat n’a pas été si dramatiquement serré.
Choquant
Cette citoyenne est néanmoins furieuse et a raison de l’être. Vous savez pourquoi elle a voté par la poste? Parce qu’elle travaillait dans les bureaux de scrutin pendant les jours de votation. Il s’agit d’une personne qui prend très au sérieux le droit de vote, qui participe au processus démocratique et qui prend extrêmement mal cette atteinte à son droit fondamental.
Je la comprends à 100%.
Je sais bien qu’Élections Canada doit administrer un processus complexe qui inclut des millions d’électeurs. Il est inévitable que de petites erreurs de bonne foi se glissent. Mais cette fois-ci, ça fait beaucoup. Dans le seul cas du Québec, nous avons devant les yeux plusieurs erreurs et cafouillages assez inquiétants.
Erreurs et confusion
Dans Terrebonne, on a compté trois fois, arrivant à chaque occasion avec des dizaines de votes de différence. La libérale a d’abord gagné, puis la bloquiste au recomptage, puis la libérale par un vote au dépouillement judiciaire. Voulez-vous de la matière à créer des théories du complot et à fragiliser la confiance du public?
Semble-t-il que les écarts sont dus à des interprétations de bulletins déclarés valides ou annulés. Pourrait-on développer des règles plus claires sur la validité d’un vote et les communiquer à tous, incluant aux électeurs? Question d’éviter autant de décisions divergentes.
De surcroît, nous avons au moins deux circonscriptions dans le grand Montréal seulement où l’adresse postale sur l’enveloppe de retour du vote postal comportait une erreur. Ça, c’est ce qu’on sait. Et le vote étant un geste sacré, on pourrait espérer que ces enveloppes soient vérifiées avec un soin particulier.
La situation a été encore bien pire pour les citoyens d’Ivujivik, dans le Nord-du-Québec. Dans leur cas, les urnes et les bulletins de vote n’ont pas été livrés. Toute la population locale a tout simplement été privée du droit fondamental de voter.
Depuis le jour du vote, Élections Canada ne répond à peu près plus aux questions des médias sur les cafouillages découverts. Ces élections méritent plus qu’un classique petit post mortem. Un œil externe devrait aller vérifier.