Élargissement de la consigne: des ramasseurs rapportent 15 fois plus de contenants en plastique
Les «valoristes» ont inondé de bouteilles de plastique un organisme montréalais servant de dépôt de contenants consignés samedi


Olivier Faucher
Les ramasseurs de cannettes et de bouteilles ont rapporté par milliers des contenants de plastique qu’ils accumulaient parfois depuis longtemps, profitant de l’entrée en vigueur ce samedi de l’élargissement de la consigne.
«Les gens étaient prêts. Ils attendaient vraiment ce moment-là», affirme Pascal Jean-Baptiste, membre du CA de la Coop Les Valoristes, située à quelques pas de la station de métro Berri-UQAM.
Cet organisme vient en aide à ceux qui ramassent et rapportent les contenants consignés partout à Montréal pour boucler leurs fins de mois ou survivre, qu’on appelle les «valoristes», tout en leur offrant un point de dépôt.
Samedi, où tous les contenants de plastique de 100 millilitres à 2 litres étaient désormais consignés au Québec, la Coop Les Valoristes a reçu 15 000 bouteilles en plastique de toute sorte, alors qu’on lui en apporte normalement 1000 lors d’une bonne journée.

De belles cagnottes
L’organisme a l’habitude de recevoir une majorité de contenants en aluminium, mais le plastique a exceptionnellement pris le dessus parmi le total des 25 000 contenants qu’il a reçus ce jour-là.
Si le nombre de personnes ayant fréquenté l’endroit ne sortait pas de l’ordinaire, le nombre de contenants que chacun apportait l’était.
Pascal Jean-Baptiste, qui était autrefois lui-même valoriste, soutient que plusieurs ont accumulé, entre autres, des bouteilles d’eau vides pendant des semaines, voire des mois, en vue du jour où celles-ci allaient valoir 10 cents l’unité.
«Il y a un seul gars qui est venu avec 5000 bouteilles de plastique. Il y en a plusieurs qui sont repartis avec plusieurs centaines de dollars», se réjouit M. Jean-Baptiste.

«Juste du positif»
La Coop Les Valoristes voit l’ajout de ces nouveaux contenants consignés comme une excellente nouvelle pour sa clientèle et la société en général.
«La quantité de bouteilles d’eau qu’on voit dans la rue, les poubelles publiques, le recyclage résidentiel, ça va changer beaucoup de choses pour notre clientèle», explique Marica Vazquez Tagliero, vice-présidente de l’organisme.
M. Jean-Baptiste, de son côté, souligne la hausse considérable de revenus que cela représente pour les valoristes.
«Il y a des gens qui repartaient avec 100$ et qui maintenant le feront avec 150$ ou 160$», mentionne-t-il.
«C’est l’aboutissement d’une bataille qu’on a menée pendant plus de 15 ans. C’est aussi le côté écologique de la chose. De voir tout ça dans les poubelles, ça fait mal au cœur. C’est de donner un peu de valeur à ces matières-là», conclut M. Jean-Baptiste.