Éduquer sans crier: voici les secrets de la parentalité bienveillante

Amanda Moisan
Éduquer ses enfants sans cris ni colère, en misant sur l’écoute et l’empathie, est une tendance populaire, notamment sur les réseaux sociaux. On appelle cette méthode la parentalité bienveillante ou positive. Cependant, des experts jugent que cette approche n’est pas recommandée pour tous les parents.
Maman de deux enfants âgés de 4 et 7 ans, Charleen Patenaude pratique le concept de parentalité bienveillante (en anglais, Gentle Parenting) depuis la naissance de son fils aîné. «C’est une relation de respect mutuel [...] Ce n’est pas accepter n’importe quoi, explique-t-elle à propos de cette approche éducative. C’est avoir des limites claires.»

Plutôt que de s’attarder aux comportements à corriger, cette méthode, inspirée par les sciences comportementales et la théorie de l’attachement, s’intéresse aux besoins des enfants. Elle encourage l’accompagnement, le renforcement positif et la communication respectueuse.
«Quand on envoie un enfant réfléchir seul dans sa chambre, il ne réfléchit pas réellement à ce qu’il a fait. Il réfléchit à comment il peut sortir de là, à éviter les conséquences», explique la maman de 30 ans, également coach parentale.
Souvent confondue avec du laxisme, cette approche nécessite un cadre clair malgré des limites parfois floues, précise la psychoéducatrice Mélanie Bilodeau.
Les parents peuvent d’ailleurs se sentir submergés par les émotions et la pression d’être parfaits. «Toi aussi, [...] tu as envie de crier. Le but, ce n’est pas d’être parfait. C’est d’aller réparer après», lance Charleen Patenaude. «J’ai décidé d’avoir cette relation-là avec mes enfants 80% du temps, parce qu’on ne sera jamais parfaits», confie-t-elle.
La maman et coach souligne que l’enfant est accompagné dans ses émotions, surtout dans la petite enfance: «On va l’emmener dans un lieu sécuritaire et on va l’accompagner.»
Du «gros bon sens»
Selon Mme Patenaude, cette méthode permet aux enfants de développer une plus grande confiance en eux, une sécurité intérieure et une meilleure capacité à affronter les défis. Elle favorise aussi une ouverture aux autres et diminue le stress, contrairement à une éducation plus autoritaire, qui pousse à dissimuler ses émotions et à agir sous pression.
La psychoéducatrice Mélanie Bilodeau ajoute que la parentalité bienveillante «amène l’enfant à avoir davantage de compétences socio-émotionnelles, à être davantage empathique vis-à-vis des autres, davantage respectueux, à gérer ses propres émotions et à être sensible aux émotions des autres». Derrière tous les comportements de l’enfant, il y a toujours un besoin ou une émotion, précise-t-elle. C’est, avant tout, «du gros bon sens»!

Difficile pour les parents
Bien que bénéfique, la parentalité bienveillante n’est pas toujours simple. «C’est épuisant de toujours vouloir être positif. On ne met pas de limites et on se dit qu’il faut être positif tout le temps», explique Mme Bilodeau.
Professeur de psychologie communautaire à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Thomas Delawarde-Saïas estime que la parentalité bienveillante n’est pas faite pour tous les parents.
«Les conditions de vie des parents peuvent conditionner leur parentalité, leur disponibilité, leur stress, leur revenu, toutes les conditions matérielles, mais aussi les préjudices qu’ils peuvent subir», suggère-t-il. Selon lui, il ne faut pas imposer la parentalité bienveillante comme une norme sociale universelle.
