Écoute électronique: des travaux communautaires pour l’ancien maire de Sorel-Tracy
Serge Péloquin a avoué avoir placé une caméra dans le bureau du greffier de la Ville


Camille Payant
L’ancien maire déchu de Sorel-Tracy Serge Péloquin s’en sort avec des travaux communautaires pour avoir mis sous écoute le greffier de la Ville pendant un an et demi.
«Je regrette le geste. [...] J’ai mal agi. Je n’ai jamais caché que c’est moi qui l’avais fait. Mais je viens plaider coupable devant la cour aujourd’hui», a souligné Serge Péloquin mardi après-midi au palais de justice de Sorel-Tracy.
Celui qui avait été maire de la municipalité de la Montérégie entre 2013 et 2022 venait alors d’avouer avoir installé une caméra dans le bureau du greffier de la Ville, René Chevalier.

Selon les faits lus en cour, le dispositif avait été actif dès novembre 2020, et ce, jusqu’à sa découverte en avril 2022. La caméra avait été placée pour qu’aucune image ne puisse être captée, tout en pouvant enregistrer les sons.
Pour l’ancien maire à la chevelure flamboyante, «l’installation visait à enregistrer les conversations de M. Chevalier, qu’il soupçonnait de manquer à ses obligations de confidentialité envers la Ville de Sorel-Tracy, dans le cadre de ses fonctions», a-t-il admis.
Une centaine de conversations
Pas moins de 127 enregistrements de conversations tenues dans le bureau du greffier de la Ville ont été retrouvés dans le téléphone du maire déchu.
«Le crime commis est l’un des plus intrusifs de la vie privée de quelqu’un. [...] C’est particulièrement choquant dans un milieu de travail, personne ne devrait subir une telle atteinte à sa vie privée», a souligné la juge Dannie Leblanc.
Serge Péloquin croyait que les pouvoirs de surveillances et de contrôle conférés au maire lui permettaient d’installer un tel dispositif.
La Commission municipale du Québec avait toutefois vu la situation différemment. Péloquin avait été traîné devant la Cour supérieure, qui l’avait jugé «inhabile» à exercer ses fonctions pour une période d’un an. Il s’agissait d’une première dans la province.
Enquête de l’UPAC
L’Unité permanente anticorruption (UPAC) avait aussi mené son enquête, qui avait mené au dépôt d’accusations d’écoute électronique et d’abus de confiance en 2023.
Un arrêt conditionnel a été ordonné mardi quant à ce deuxième chef.
Serge Péloquin a ainsi été condamné à une probation de 18 mois. Il devra également effectuer 150 heures de travaux communautaires dans la prochaine année.
Il n’aura toutefois pas à payer les frais associés au système judiciaire, puisqu’il est en recherche d’emploi depuis sa destitution.