Économie: les millénariaux vont en arracher dans les prochains mois

Anne Caroline Desplanques
OTTAWA – Les millénariaux et les jeunes adultes de la génération X risquent fort d’en arracher économiquement dans les prochains mois, prévient la banque RBC.
Dans une analyse publiée mercredi, la banque indique que les Canadiens âgés de 35 à 44 ans endettés avaient un ratio de dette par rapport aux revenus de 250% en 2019 contre 150% dix ans plus tôt. La situation des moins de 35 ans est également précaire avec un ratio de dette par rapport aux revenus de 165%.
Et ces chiffres n’ont fait que croître au cours des quatre dernières années puisque globalement, Statistique Canada indique que le ratio de dette par rapport aux revenus des Canadiens de tous âges confondus était de 184,5% au premier trimestre de cette année, en hausse par rapport à 181,7% un trimestre plus tôt.
Or, en raison de la hausse rapide des taux d’intérêt, les propriétaires qui auront à renouveler leur hypothèque dans les prochains mois verront leurs paiements mensuels bondir de 25% au début de 2024, évalue la RBC.
Fossé générationnel
L’impact sur les jeunes propriétaires sera drastique, bien plus que chez les propriétaires plus âgés, dont le ratio d’endettement est globalement nettement moindre, prévient la banque. C’est qu’en comparaison, seulement 14% des baby-boomers ont encore une hypothèque à payer et pour ceux qui en ont une, elle est en moyenne moitié moins élevée que celle des millénariaux, souligne la RBC.
Il faut dire que, d’après les données fédérales, les millénariaux sont un peu plus nombreux (23,3%) en moyenne que les baby-boomers (22,3%) à résider dans les six grands centres urbains de plus d’un million d’habitants du Canada, dépassant les boomers à Montréal et Ottawa-Gatineau, de même qu’à Toronto et à Vancouver, des villes où l’immobilier est plus cher qu’ailleurs.
Pour ne rien arranger au fossé générationnel, les boomers ont amassé un confortable coussin d’investissement qui leur permet de s’enrichir de la hausse des taux d’intérêt. Les deux tiers des baby-boomers ne dépendent en outre plus de revenus d’emploi pour vivre, mais de fonds de pension privés et de transferts gouvernementaux, souligne la RBC.
Vers une hausse du chômage
À l’inverse, les jeunes propriétaires sont entièrement dépendants de revenus d’emploi qui, bien qu’ils aient augmenté depuis le début de la pandémie, ne suivent pas la hausse des taux d’intérêt: «Le salaire horaire moyen a augmenté de 12%, moins de la moitié de l’augmentation des taux d’intérêt hypothécaires fixes sur cinq ans», note la RBC.
Ces salaires qui ne font pas le poids face à la hausse des prix immobiliers pourraient en plus s’évanouir pour de nombreux jeunes dans les prochains mois, à mesure que de plus en plus d’entreprises sont contraintes de ralentir pour faire face à la hausse des taux d’intérêt: la Banque CIBC prévoit dans un rapport publié mardi que le taux de chômage grimpera au-dessus de la barre des 6% d’ici le début de 2024.
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