École Bedford: le CSSDM a supprimé un poste de direction adjointe même s’il était au courant du climat toxique
L’enquête du ministère de l’Éducation était déjà terminée au moment de cette décision


Dominique Scali
Le CSSDM a supprimé un poste de direction adjointe à l’école Bedford en juin dernier, alors qu’il était déjà au courant du climat toxique qui y régnait, a appris Le Journal.
«Nous, on était d’avis que le contexte était inquiétant et qu’il fallait maintenir ce poste», réagit Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES).
«On savait qu’il y avait une enquête en cours. On savait qu’il y avait un défi avec le climat de l’école», énumère-t-elle.
Bedford est cette école qui fait les manchettes depuis une semaine en raison d’un rapport explosif du ministère de l’Éducation et de l’enquête qui visera 11 enseignants.
Climat toxique, incompétence, méthodes humiliantes: le rapport ne cesse de faire réagir alors que l’inaction du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) est critiquée.
Selon des informations obtenues par Le Journal, pas plus tard que l’été dernier, le CSSDM n’avait pas jugé bon de garder en place une direction adjointe à Bedford pour épauler la direction, malgré les avertissements.
Ne «répond pas aux critères»
De façon générale, toutes les écoles ont une direction. Au-delà d’un certain nombre d’élèves, une école peut avoir une ou plusieurs directions adjointes.
L’école Bedford compte plus de 350 élèves, selon son site web.
Dans un courriel non signé, le CSSDM confirme que Bedford «ne répond pas aux critères» permettant d’avoir un adjoint pour l’année scolaire en cours.
«[Cela] n’a rien à voir avec le contexte actuel», mais dépend de «paramètres de détermination du nombre de postes», écrit-on laconiquement.
Depuis la publication du rapport du ministère, des ressources ont été ajoutées, comme une équipe psychosociale. «Le support additionnel était planifié en vue de la sortie du rapport», précise-t-on. De plus, une direction retraitée qui avait accompagné l'école l'an dernier est de retour sur place depuis mardi.
«Décevant»
Appelée à commenter, l’AMDES indique avoir été en désaccord avec la décision «décevante» du CSSDM de retirer un adjoint à Bedford.
«C’était clair pour nous qu’il fallait absolument que cette école bénéficie d’un soutien supplémentaire», dit la présidente Kathleen Legault.
En fait, le CSSDM peut autoriser certaines écoles à avoir un ou des postes supplémentaires de directions adjointes lorsque nécessaire. Chaque année, une dizaine d’écoles obtiennent ce poste d’adjoint même si le nombre d’élèves ne le justifie pas en soi, explique-t-elle.
L’AMDES avait donc suggéré que le poste d’adjoint soit maintenu pour cette école en pleine «guerre de pouvoirs». «Ce n’est pas ce que le CSSDM a décidé», déplore-t-elle.
«On peut d’ailleurs s’étonner qu’un rapport du mois de juin soit seulement dévoilé en octobre et que les enseignants sous enquête sont toujours en classe», analyse Mme Legault.
Le rapport du ministère est daté de juin 2024, mais les constats et recommandations ont été présentés verbalement à la directrice générale le 5 juillet, une information qu'a corroboré le cabinet du ministre Drainville. Le rapport complet a ensuite été remis au CSSDM sous embargo le 26 septembre.