Échec du gouvernement Legault dans la gestion des finances!

François Legault a annoncé qu’il effectuerait bientôt un remaniement ministériel pour tenter de relancer son gouvernement au plus bas dans les sondages.

Jouer à la chaise musicale au Conseil des ministres, à un an des élections, est une manœuvre de diversion. C’est aussi risqué pour plusieurs raisons. Amener quelques figures nouvelles ne redonnera pas automatiquement des ailes à la CAQ. Parlez-en à Justin Trudeau qui a tenté le coup un peu avant la fin de son règne!

Le problème est ailleurs. Avec des dépenses en hausse de 7,4% par année depuis son arrivée au pouvoir, la CAQ a vécu au-dessus de ses moyens, provoquant ainsi la crise budgétaire que l’on connaît aujourd’hui.

Évaluation des demandes

Tous veulent plus de services, de subventions, d’aide, d’augmentations de salaire, d’investissements, etc. Normal! C’est au gouvernement d’évaluer jusqu’à quel point il peut répondre à ces demandes en fonction de ses priorités et de ses revenus.

Mais le gouvernement Legault n’a pas su remplir ce rôle. Ce dernier a agi comme un particulier qui accumule les dépenses sur sa carte de crédit sans trop les additionner, sans évaluer sa capacité de payer. Jusqu’au jour où celui-ci fait face à un mur. C’est ce qui est arrivé à la CAQ. Pitoyable pour un gouvernement de comptables!

M. Legault arguera sans doute que ces dépenses étaient nécessaires. Si c’était le cas, la responsabilité de celui-ci était de prendre les mesures pour augmenter les revenus au lieu d’enfoncer le Québec dans les déficits. Gouverner, c’est aussi cela! Celui-ci a plutôt choisi de baisser les impôts et de distribuer des chèques.

Le discours gouvernemental est aussi irritant. Au lieu d’admettre franchement l’ampleur et l’impact des coupes, on nous parle d’efforts budgétaires, de mesures d’économie, d’accroissement des budgets, etc.

Rigueur budgétaire

La gêne des ténors de la CAQ provient sans doute du fait que ceux-ci ont eux-mêmes créé la crise budgétaire actuelle. Ils ont perdu le contrôle des dépenses. Dans les années 80 et 90, les gouvernements ont dû imposer des compressions importantes. Mais c’était dans un contexte de récessions économiques majeures. Aujourd’hui, la crise est plutôt due à un manque de rigueur budgétaire.

Lorsque le gouvernement Legault a réalisé qu’il allait frapper un mur, qu’il serait décoté, il a appliqué en urgence les deux pieds sur le frein. Bien tard pour ce faire! Nous en vivons maintenant les contrecoups et cela, pour longtemps!

L’effort pour redresser les finances publiques sera colossal. Les dépenses n’augmenteront que de 1,7% au cours des cinq prochaines années. Malgré les compressions actuelles, à la fin du présent exercice budgétaire, le déficit devrait se situer encore aux environs des 13,6 milliards. Et cela, sans compter les impacts éventuels des humeurs de Trump!

Disparition de l’inutile

En juillet, le gouvernement a réinjecté 540 millions en éducation. On a toutefois omis de nous dire d’où proviendraient les fonds. Le déficit sera-t-il «simplement» porté à plus de 14 milliards?

La crise budgétaire aura au moins un effet bénéfique. Les compressions forceront tous les paliers au sein du gouvernement à éliminer les dédoublements, à alléger les procédures, à faire disparaître l’inutile. Trop de fonctionnaires actuellement surveillent le travail d’autres fonctionnaires. De telles opérations de recentrage sur l’essentiel ne réussissent que lorsque la «machine» est mise au régime!

D’ici les prochaines élections, les stratèges politiques des autres partis, au lieu de segmenter la clientèle et de vouloir offrir à chaque groupe un bonbon dans l’espoir d’attirer les votes, devraient plutôt chercher comment rendre l’État plus agile, plus efficace. Ils devraient aussi réévaluer les programmes et les politiques fiscales. Car l’un ou l’autre parti va éventuellement hériter du gâchis actuel.

M. Legault veut laisser un legs en héritage. Manifestement, ce sera des finances publiques délabrées!

Guy Gagné
Directeur des finances à la retraite, au niveau collégial