Inspirée par la série «The Hunger Games», «enfant de la dystopie», Margot Dessenne raconte un récit violent et militarisé qui se déroule dans une Pologne imaginaire

Marie-France Bornais
Autrice, podcasteuse et entrepreneure, diplômée en marketing et en communications, la Française Margot Dessenne écrit depuis l’âge de 10 ans. Son premier roman, Absolu, une dystopie pour jeunes adultes, a attiré l’attention de très nombreux lecteurs en Europe. Dans le premier tome, Les Mobilisés, elle décrit la mission de jeunes forcés d’aller combattre une créature qui hante un territoire ravagé par la guerre.
Prym et Joanna sont amis depuis l’enfance. Ils ont un bel avenir au sein de la nation d’Erit, qui est construite sur les ruines d’une Pologne dévastée par la guerre. Leur vie bascule le jour où ils sont choisis pour être envoyés dans la Zone, un territoire où rôde la Chose.
Les mobilisés n’ont aucun autre choix que de se lancer dans une mission terrifiante : ils doivent vaincre la plus dangereuse créature jamais créée par l’Homme, ou mourir en essayant.
Genre littéraire
En entrevue, Margot Dessenne révèle qu’elle est « une enfant de la dystopie ». « Pendant mon adolescence, c’était la période des Hunger Games, des Labyrinthes. La dystopie peuplait les rayons de la librairie quand moi, j’ai commencé à construire mes goûts littéraires. À partir de là, ça m’a totalement amenée à lire de la science-fiction de façon générale. »
« J’ai lu beaucoup de classiques, mais aussi des choses plus modernes dans la dystopie, du space opera, du cyberpunk, de l’uchronie. Je suis un peu tombée amoureuse de la science-fiction, grâce à cette période où la dystopie était à son âge d’or, dans les années 2010-2015. J’étais au collège et je ne vivais que pour les livres. »
L’idée du roman Absolu est arrivée en février 2017, donc six ans avant sa sortie. « C’était déjà plus trop la période où la dystopie était à la mode. Mais moi, j’avais une envie profonde de l’écrire parce que je sentais que c’était la bonne histoire. »
La romancière s’est lancée à corps perdu dans ce projet, à préparer l’univers dans lequel il allait évoluer, le scénario, le synopsis, les personnages. « Plus ça avançait dans le temps, moins la dystopie était demandée et sortait en librairie. Finalement, elle a pratiquement totalement disparu des nouveautés, et encore plus la dystopie militarisée. »
Quand elle a eu fini de l’écrire en 2021 et qu’elle a dû trouver une maison d’édition, c’était un peu « le parcours du combattant » de convaincre une maison d’édition non pas juste sur le manuscrit, mais sur le genre aussi, qui n’était plus à la mode. Mais elle a persévéré et ses lecteurs européens aiment retrouver un genre qu’ils ont beaucoup aimé.
La Pologne... imaginaire
Dans le roman, les personnages évoluent dans une contrée ravagée par la guerre, qui fut autrefois la Pologne. Une prémonition par rapport à l’Ukraine ? « Je dis souvent que ceux qui écrivent de la science-fiction ne prédisent pas le futur, mais parlent du présent. Ils le transposent et l’exposent, en ce qui pourrait arriver dans le futur. Et la Pologne, ça a été un choix totalement inconscient de ma part. »
« J’avais choisi de placer l’histoire en Europe de l’Est et j’avais placé la Zone sur un point d’une carte vierge. J’ai dessiné le tracé du pays de façon totalement aléatoire. J’ai dessiné la Zone, donc la ville, de façon aléatoire, avec le fleuve, les points principaux. »
« Et des mois plus tard seulement, j’ai voulu regarder où j’avais placé ce point pour mieux m’ancrer dans le réel. Et j’étais tombée sur Varsovie. Et mon tracé correspondait à celui de la Pologne. En plus, mon illustratrice, Magdalena Pagowska, est polonaise. »
♦ Margot Dessenne est diplômée en marketing et en communications.
♦ Elle habite à Lille.
♦ Elle aide les jeunes auteurs et autrices à vivre de leur passion avec son podcast, ses ateliers et différentes ressources en ligne.
♦ Elle est active sur Instagram et YouTube.
♦ Le deuxième tome, Les Effacés, paraîtra l’automne prochain.
EXTRAIT

« D’abord, il y eut le noir et le silence.
Le monde s’était réduit à une immense boîte sombre que quelqu’un déplaçait sans précaution. Le currus qui nous transportait était plongé dans la pénombre : pas de fenêtre et aucune lumière interne pour nous rassurer. Malgré sa flottaison à près d’un mètre du sol, il s’élevait de temps à autre, comme pour éviter un obstacle. Cela arrivait de plus en plus souvent au fur et à mesure que l’on se rapprochait de la Zone. »