Des temps difficiles pour Bell Canada
Les actionnaires continuent de voir le titre dégringoler


David Descôteaux
Les détenteurs d’action de Bell doivent prendre leur mal en patience à cause des difficultés de l’entreprise.
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Ce fut une semaine dernière éprouvante pour BCE et ses actionnaires, qui ont vu l’entreprise prendre des décisions qui ne font pas l’unanimité. Achat par endettement d’un fournisseur internet américain (Ziply) au coût de cinq milliards $, plafonnement du dividende aux actionnaires, perte trimestrielle de plus d’un milliard de dollars... Résultat: en une semaine, l’action de BCE a perdu quelque 13% de sa valeur.
Le titre use la patience des actionnaires. Depuis l’explosion de la bulle techno en 2000, l’action de Bell fait du surplace.
«BCE a encore beaucoup de défis à relever, notamment en raison de la détérioration de la croissance du sans-fil et un profil de risque accru [à la] suite [de] l’annonce de l’acquisition de Ziply. Sur une note positive, les marges de l’entreprise ont été les plus élevées depuis plus de 30 ans et il reste encore beaucoup à faire pour réduire les coûts», souligne Jérôme Dubreuil, analyste chez Desjardins.
Encore hier, le titre de BCE (BCE-T) à la Bourse de Toronto était encore en baisse de près de 2 % à 38,79 $ à la clôture des marchés financiers.
Acquisition coûteuse
Lundi le 4 novembre, l’action de Bell Canada a perdu quelque 10% et chuté à un plancher qu’on n’avait pas vu depuis 2012 après l’annonce de l’acquisition d’un fournisseur internet américain pour cinq milliards $ et du gel de son dividende aux actionnaires.
Bell mettra la main sur Ziply Fiber, une entreprise présente dans quatre États du Nord-ouest américain, ce qui lui permettra d’ajouter à son réseau 1,3 million d’emplacements reliés à la fibre optique.
Mais pour financer cette ambitieuse transaction, Bell doit encore recourir à l’endettement. Elle utilisera 4,2 milliards $ des fonds tirés de la vente récente de sa participation dans MLSE, la société mère des principales équipes de sport professionnel de Toronto.
Le même jour, l’entreprise annonçait que la croissance du dividende serait suspendue au moins pour la prochaine année, le temps d’améliorer ses ratios d’endettement. Ce dividende est en ce moment de 3,99$ l’action.
Pertes de plus d’un milliard
Jeudi dernier, c’était jour de l’annonce des résultats trimestriels. BCE a annoncé une perte nette de 1,23 milliard, soit 1,36$ par action, pour son troisième trimestre. L’action a du coup perdu près de 3%.
En comparaison, au même trimestre l’an dernier, BCE avait généré un bénéfice net de 640 millions $.
Bell dit faire face à une forte concurrence dans le sans-fil et à un taux élevé de désabonnement et d’annulation de services de télécommunications.
Lourde dette
BCE traîne une lourde dette, de près de 40 milliards de dollars, qui augmente plus vite que son bénéfice, au point que les obligations de l’entreprise pourraient devenir des junk bonds, soit des placements «à risque», a averti l’agence de notation Moody’s il y a quelques semaines.
Les obligations «à risque» sont des obligations (dettes d’entreprises) qui comportent un risque de défaut plus élevé que la plupart des obligations émises par des entreprises et des gouvernements.
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