Pas d’argent fédéral pour les projets routiers
Aucun programme ne permet de financer un projet autoroutier, rappelle le ministre au sujet du troisième lien


Marc-André Gagnon
Alors que François Legault réclame à Justin Trudeau un appui correspondant à 40% des coûts du tunnel Québec-Lévis, le ministre fédéral Jean-Yves Duclos se dit ouvert à financer seulement la partie transport en commun du projet.
C'est qu'à l'heure actuelle, aucun programme d'infrastructure fédéral ne permet de financer des projets autoroutiers, a expliqué le président du Conseil du Trésor du gouvernement canadien.
« Par conséquent, on sait déjà qu’une bonne partie du 3e lien entre Lévis et Québec n’est pas finançable par le gouvernement canadien, parce qu’il s’agit d’un projet autoroutier », a dit M. Duclos.
Même si le premier ministre François Legault a avisé son homologue Justin Trudeau que tous les documents relatifs à sa demande d'aide financière seraient envoyés dans les plus brefs délais à Ottawa, pour l'instant, aucune demande formelle n'a été étudiée ni reçue, a répété M. Duclos.
Il souhaite aussi jeter un œil aux différentes évaluations environnementales qui devront être effectuées avant d'amorcer la construction du projet.
« Il faut faire les choses dans l'ordre », a dit le député fédéral de Québec.
Une autre embûche
Il a toutefois démontré de l'ouverture pour un éventuel soutien fédéral à la composante transport en commun du tunnel Québec-Lévis.
Une difficulté s'affiche déjà au tableau, toutefois, puisque les programmes existants à Ottawa permettent de financer des modes de transport en commun catégorisés « lourds », comme le tramway. Rien n'existe du côté fédéral pour des projets de voies réservées comme celles prévues dans le troisième lien, nous a-t-on expliqué.
M. Duclos s'est par ailleurs montré optimiste concernant l'atteinte d'un dénouement positif dans les négociations en cours pour le rachat du pont de Québec par Ottawa.
« Ça fait 30 ans que ce dossier traîne », a reconnu M. Duclos, en réaffirmant sa pleine confiance à l'endroit du négociateur mandaté par son gouvernement, Yvon Charest.
Réactions
Du côté conservateur, le député de Charlesbourg—Haute-Saint-Charles, Pierre Paul-Hus, n’a pas tardé à faire savoir que son parti, qui appuie déjà ouvertement le projet de 3e lien, « accueille favorablement » la demande de M. Legault.
« Nous en aurons plus à dire sur le troisième lien d’ici quelques semaines », a-t-il indiqué.
À Québec, le député solidaire de Jean-Lesage, Sol Zanetti, suspecte le gouvernement caquiste d’être à la recherche d’un « bouc émissaire pour se justifier quand le projet sera abandonné dans quelques années ».
« La CAQ a trouvé sa porte de sortie : demander au gouvernement canadien un financement qu’il ne pourra jamais accepter de fournir et mettre la faute sur lui », a dit M. Zanetti.
Au cabinet du ministre des Transports, François Bonnardel, on assure que l’engagement du gouvernement pour le tunnel Québec-Lévis est ferme.
« Le projet de Réseau express de la Capitale comporte une grande part de transport collectif. Le gouvernement fédéral a une responsabilité et nous sommes confiants qu’ils seront au rendez-vous », a réagi M. Bonnardel, par l’entremise de son attachée de presse, Florence Plourde.